« Tout pour enseigner », de Pascal Caglar et Daniel Foucaut
Une lecture de base pour bien démarrer dans le métier de professeur de lettres
Nous autres formateurs ÉSPÉ de lettres sommes toujours en quête, pour alimenter la réflexion initiale des « néo-profs » sur leur métier, d’ouvrages de référence à la fois synthétiques et faciles à consulter.
À ce titre, quand nous avons l’opportunité de découvrir la perle rare, il convient d’en faire la publicité. Nous nous prêterons ici d’autant plus facilement au jeu de la critique, que le livre cité constitue un modèle en son genre car il aborde la plupart des questions qu’est en droit de se poser un professeur en début de carrière.
Une déclinaison de tous les « savoirs »…
Structuré en trois grandes parties axées respectivement sur les « savoirs », les « savoir-faire » et les « savoir-être », l’ouvrage propose 33 fiches toutes aussi fonctionnelles les unes que les autres pour aborder le métier de professeur.
Ce découpage par « fiche » permet une souplesse de lecture ciblée en fonction du renseignement recherché par le lecteur. Ainsi, à titre d’exemple, un « néo-prof » en passe de remplir le bulletin trimestriel gagnera à consulter la fiche 20 intitulée sobrement « Le bulletin scolaire ».
Nous pourrions bien entendu multiplier les exemples. Il nous apparaît cependant plus utile de faire remarquer l’éventail des informations offertes qui vont de la question de l’orthographe aux droits de l’enfant en passant par la séquence ou les obligations du fonctionnaire. La justesse de l’ouvrage consiste de fait à s’intéresser autant à ce qui concerne directement la classe, l’organisation des apprentissages ou la gestion du groupe, qu’à ce qui pourrait pour un esprit non averti lui en apparaître très éloigné : le manuel numérique ou encore le plan académique de formation (PAF !).
En clair, de façon très méthodique, l’ouvrage parvient à poser tout simplement les bases du métier ; autrement dit la « culture » commune à tous les enseignants, quel que soit leur domaine d’exercice.
Une mine de renseignements et une « fausse neutralité »…
En posant dans ce commentaire l’idée que l’ouvrage ne possède qu’une fonction informative, nous aurions tendance à en desservir la perspective. En effet, dès son introduction, il propose la « ligne » claire de son propos comme en atteste l’extrait suivant : « L’enseignant n’est pas redevable de ses seules compétences scientifiques mais aussi de son adaptation à tout un environnement éducatif aux enjeux complexes et délicats éclairés par l’ensemble des sciences humaines. »
En ce sens, l’ouvrage se met au service d’une redéfinition du métier s’appuyant sur le principe « de réalité » qui doit désormais le guider. Et son propos, par là même, non seulement répond à toutes ces questions qu’un « néo-prof » hésiterait à poser de vive-voix de peur de se discréditer : « Qu’est-ce que l’évaluation PISA ? » ou encore, « En quoi consiste une rencontre « parents-profs ? »
Des détails, rien que des détails…
En clair, toutes les questions demeurent acceptables et même nécessaires dans la mesure où la connaissance des conditions réelles d’exercice du métier ne relève pas d’un élément à la marge dans le processus d’autoformation. Un professeur de lettres, tout particulièrement, peut être naturellement rétif à aller chercher des informations aussi pratiques que « Le programme ECLAIR » (fiche 28). Il aura sans doute envie d’aller au plus vite vers ce qu’il croit être l’essentiel, son « domaine », sa « matière », la littérature.
Pas plus que les auteurs, nous ne saurions lui reprocher ce désir fondamental. Néanmoins, ce qu’il découvrira à la lumière du livre de Pascal Calgar et Daniel Foucaut, c’est qu’il y a bien une condition enseignante en même temps que des conditions pour enseigner et que, de fait, il ne sera à même d’aller à « l’essentiel » que s’il n’a pas perdu de vue que « les détails » le sont souvent moins qu’ils n’y paraissent au premier abord.
Antony Soron, ÉSPÉ Paris
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• Pascal Caglar, Daniel Foucaut, « Tout pour enseigner », Ellipses, 2012.
• Consulter les Archives de l’enseignement des lettres de « l’École des lettres ».
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