Opération « École apprenante » ? À voir…
Quel point commun existe-t-il entre l’opération « Nation apprenante », le « Dispositif éducatif et ludique 2S2C », et l’opération « Vacances apprenantes » ? N’y a -t-il là que trois mesures d’exception pour faire face à la crise du Covid-19 ?
Ou bien sommes-nous en train de vivre trois opérations de dilution, de délégation de l’exercice d’enseignement, trois recours à des participations extérieures aux missions de l’éducation, trois manières de banaliser l’intervention de non-professeurs dans les affaires pédagogiques ?
La question se pose en effet tant les mesures se suivent et se ressemblent au point d’apparaître non pas comme des solutions d’urgence ponctuelles mais comme des démarches concertées, non pas comme des opportunités de circonstances mais des essais calculés : derrière ces opérations pourrait bien se tenir l’intention réfléchie d’organiser la confusion des genres et des personnes, l’amalgame du pédagogique et du ludique, de l’éducatif et du social, du culturel et du loisir, l’équivalence des enseignants et des non-enseignants, l’alliance de la communauté éducative et de la communauté associative, la fraternité des professionnels et des bénévoles.
Si ces mesures, apparemment sympathiques et solidaires, loin de mettre un terme à l’épisode coronavirus, ouvrent une voie à une mixité éducative, la mutation est à suivre de près, car toutes les actions complémentaires et substitutives connues ces derniers mois ne doivent pas faire oublier que, quelles que soient les activités proposées, l’objectif reste une école apprenante avec des enseignants qualifiés.
Ne nous dispersons pas : renonçons à l’ambition d’une Nation apprenante, aux projets de Vacances apprenantes, aux bouquets Sport, Santé, Civisme et Culture, et recentrons-nous sur la seule opération inscrite dans la durée, l’école apprenante (pour rester dans le jargon officiel), c’est à dire l’école et ses missions, l’école soucieuse de ses conditions de fonctionnement et d’exercice, de ses finalités de formation fondée sur des apprentissages et des évaluations assurées par des professeurs recrutés sur concours, garants d’une égalité d’éducation et de compétences.
Les enseignants attendent plus encore de leur ministère une protection réaffirmée de leur travail et leurs missions que des initiatives douteuses de colonies de vacances pédagogiques. Ce qu’ils attendent, ce n’est pas d’être incités à faire du bénévolat durant l’été mais d’être entendus sur les réformes des examens durant l’année. Ce qu’ils veulent lire, ce ne sont pas des pages et des pages de protocoles sanitaires mais de l’attention à leur métier.
À présent que les menaces liées au coronavirus semblent diminuer, le temps n’est plus aux diversions, aux expériences d’exception et aux messages envoyées à la société, mais au retour à l’école, aux parcours des enseignants et des élèves, le retour à une « école apprenante »
Pascal Caglar
Sur le site du ministère :
• L’opération Nation apprenante.
• Vacances apprenantes.
• Le dispositif 2S2C.