"Lorenzaccio", de Musset, "Zazie dans le métro", de Raymond Queneau adapté par Louis Malle – TL 2012-2013

Restreint à deux heures hebdomadaires, le nouvel enseignement de Littérature en terminale L se voit aussi réduit à deux objets d’étude :
• « Littérature et langage de l’image »,
• « Lire, écrire, publier ».
Comme par le passé, le programme, renouvelable par moitié tous les ans, imposera deux œuvres à l’échelle nationale.

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« Littérature et langage de l’image »

Le domaine d’étude « Littérature et langage de l’image » indique les mêmes orientations que celui du même nom dans le précédent programme, et s’il est toujours d’actualité de confronter des œuvres littéraires à leurs adaptations cinématographiques – ce que confirme la sélection 2012-2013 qui invite à étudier Zazie dans le métro de Raymond Queneau et son adaptation par Louis Malle –, les instructions officielles suggèrent aussi d’explorer le domaine de l’illustration,  les œuvres qui exploitent certaines formes de spatialisations techniques – on songe au Coup de dés de Mallarmé ou aux Calligrammes d’Apollinaire – ou les textes d’ »écrivains sur la peinture et la photographie », ou encore les « écrits de peintres et sculpteurs« .

On espère donc que les programmes des années futures ne se limiteront pas au choix, gratifiant certes mais réducteur, de l’adaptation cinématographique.

On déplorera aussi l’abandon d’une piste féconde et qui, à ma connaissance, n’a jamais été abordée depuis la création du programme de littérature et qui invitait à se pencher sur les œuvres dont le héros est un peintre ou un artiste : Le Chef d’œuvre inconnu ou La lumière qui s’éteint n’accéderont donc au programme qu’accompagnés de leurs adaptations cinématographiques respectives.

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Un nouveau domaine d’étude : « Lire écrire, publier »

Nouveau venu, le domaine d’étude « Lire, écrire, publier » propose d’aborder l’œuvre littéraire dans une dynamique d’interactions :
« La publication n’est pas seulement, nous rappelle le rédacteur des IO, le terme du processus d’écriture-lecture, elle en conditionne aussi les formes et le sens. Les modalités d’édition, d’une part, les attentes des lecteurs ou des spectateurs, d’autre part, déterminent le travail des écrivains, qui écrivent pour être lus, compris ou reconnus ; mais les œuvres contribuent, elles aussi, à redessiner ces attentes et en jouent de diverses manières. »
Le professeur est donc incité à aborder l’œuvre dans la triple dimension de sa génétique, de son élaboration et de sa réception. Un tel parti-pris ne peut que s’avérer fructueux et favorisera la prise de conscience des multiples paramètres qui font la complexité du phénomène littéraire.
Le choix de Lorenzaccio pour l’année qui vient est, à ce titre des plus pertinents. Composée pour être lue, la pièce, publiée en 1834 ne fut mise en scène que soixante ans plus tard. Ce drame qu’on considère désormais comme la plus parfaite expression des préceptes hugoliens de la Préface de « Cromwell » n’a donc jamais éclairé les scènes romantiques. Le phénomène ne peut manquer d’interroger. De même que les emprunts effectués à l’oeuvre de George Sand, Une conspiration en 1537, permettent d’éclairer la démarche de la création.

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L’abandon des « grands modèles littéraires »

Si le professeur fait siens les quelques conseils méthodologiques qui préconisent de dépasser la préparation du strict cadre de l’examen pour favoriser curiosité, inventivité et créativité, l’enseignement de littérature en terminale se présentera comme le prolongement naturel des années de lycée et éveillera de façon certaine le curiosité des futurs étudiants pour de riches problématiques.
Je regrette personnellement l’abandon de l’objet d’étude « Grands modèles littéraires » : à l’heure où l’Europe peine à se trouver une identité, un souffle politique, les arts nous signifient avec la force de l’évidence son unité. Œdipe, Perceval, Roméo et Juliette, Faust, Robinson ne sont ni grecs, ni anglais, ni français ou allemand. Ils se sont imposés par l’usage comme une sorte de trait d’union malicieux et profond entre tous ces peuples. Et l’enseigner c’était manifester cette communauté culturelle.
Nous espérons que le nouvel enseignement de littérature en langue étrangère permettra d’évoquer ces figures mais il est à craindre qu’il ne fasse qu’effleurer des œuvres qui méritaient mieux qu’une approche seulement linguistique ou que la lecture de quelques extraits choisis.

Stéphane Labbe 

 
• L’enseignement de littérature en terminale L est défini dans le BO n° 8 du 13 octobre 2011.
• Le programme 2012-2013  apparaît dans le BO n° 11 du 15 mars 2012.
• Les IO délivrent quelques indications bibliographiques qu’on complétera, en ce qui concerne Musset, par :
– Paul Dimoff, « La Genèse de “Lorenzaccio” », Société des textes français moderne, 1990.
– Une étude sur Lorenzaccio dans les Archives de « l’École des lettres »,
Lorenzaccio sous l’angle du domaine d’étude « Lire, écrire, publier »,
–  Raymond Queneau, romancier et poète.
 

admin
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11 commentaires

  1. Je pense surtout que les profs de SES et d’Histoire ont su défendre leurs intérêts et que les profs de Lettres se font avoir sur toute la ligne…. Bon puisque nous sommes revenus à deux heures hebdomadaires pourquoi ne pas rétablir l’option pour la filière ES ?

  2. Je trouve que cette réduction des heures de litté’ est vraiment stupide. C’est vrai, pourquoi aller dans une filière littéraire si c’est au final pour ne faire que deux heures de littérature ?
    Par dessus se pose le réel problème des heures de philo. 8 heures par semaine quand on en a jamais fais auparavant, c’est trop. Pour les élèves autant que pour les profs.
    Les seuls point où l’on ne peut point se plaindre résident dans le cours d’histoire et dans l’enseignement de spécialité. (Anglais approfondi personnellement)
    Quant aux deux oeuvres du programme de littérature, j’ai particulièrement apprécié Lorenzaccio. Une mine d’or inépuisable ce livre ! à chaque relecture je découvre un nouvel aspect.
    Mais malheureusement, j’ai pris en horreur Zazie dans le métro. Difficile à comprendre car souvent trop rapide, une langue désagréable à la lecture, une histoire peu attrayante… Je n’ai plus qu’à espérer tomber sur Lorenzaccio au bac !

  3. moi, je trouve que Zazie dans le métro une oeuvre interessante. C’est rigolo quand elle dit  » vécés  » alors que moi je dis « vaicè  » sinon Lorenzaccio c’est bien meme si c’est une femmelette ! Non je rigoooooooooooole supers oeuvres et super programme ! Surtout en philo et espagnol 🙂 aujourd’hui j’ai bu un chocolat chaud, il fut trop bon ! ( regardez dans ma phrase y’a pas de E c’est avec L’oulipo que j’ai appris ca ! )

  4. povloulou, keskivapa? l’est pas chouette la p’tite Zazie? Chante moins bien ke son Ômonime mais lakanmême la classe!

  5. Oui, la filière Littéraire c’est vraiment, vraiment difficile… Surtout que je n’aime pas beaucoup ça, ni la philosophie. Le programme est pas évident avec les réformes et comme je suis par correspondance, c’est un peu l’enfer pour savoir comment se passent les examens, ce qu’il faut apprendre… J’ai un mal fou à me mettre au travail, je ne sais pas comment organiser mes devoirs. Je trouve que si Lorenzaccio est un bon choix, Zazie Dans le Métro est très bien aussi mais un peu compliqué à étudier comme c’est quand même très surréaliste…

  6. Cette réduction d heures de littérature paraît totalement absurde,il s agit d une épreuve de concours or comment étudier pleinement une œuvre avec juste 2h par semaine?certes le travail personnel est très important meme plus qu ailleurs ,mais ce n est vraiment pas suffisant ,san compter la perte de valeurs de l épreuve avec seulement deux œuvres au programme.Et ce tandis que les langues sont une fois de plus valorisés avec l apparition de la littérature étrangère ,à croire qu on veut faire de la série littéraire la série linguistique!!En outre il n est pas très rassurant de voir des professeurs totalement dépassés par ces réformes et cette nouvelle matière .

    • je vous rappel que nous avons tout de même 8 à 10 de philo par semaine! Concernant votre commentaire sur les langues et « la série linguistique » nous n’avons que 2 heures de cours pour chaque langue! 2 heures! Justement nous sommes en L, ne devrions nous pas avoir plus d’heures dédiées aux langues? Concernant la littérature anglaise, je pense qu’il est triste de ne lui accorder qu’un petit coefficient 1 au bac… avec tout de même presque 2 heures de travail chaque semaine dans cette matière! (presque autant que les autres langues… qui elles ont un coefficient 4!). Mais pour en revenir au sujet initial, c’est à dire le programme de littérature, ce qui est dommage je trouve c’est de voir patauger mon professeur car elle ignore à quoi ressembleront réellement les sujets de bac!

  7. En effet, la réduction des heures de littérature est très surprenante et agaçante. Deux heures, ce n’est pas suffisant! Surtout compte tenu de l’importance des deux œuvres! En revanche, passer de 1h à 8h de philo par semaine, c’est un peu gros. Et contrairement aux vieux préjugés qui persistent, la filière L demande en effet de l’esprit mais aussi de la méthode et de la culture. Alors non, on est loin de se tourner les pouces

  8. Ce qui est dommage, c’est que nous n’ayons plus que deux heures de littérature française : on est quand même en L, ce n’est pas normal ! Et puis, on passe de 0h à 8h de philo par semaine, c’est énorme, peut être devrait on mettre en place 2h de philo dès la première pour s’y familiariser. Contrairement à ce que l’on croit, la filière L n’est pas évidente ! Il faut beaucoup d’esprit et c’est très dur de viser une mention très bien!

  9. Entièrement d’accord bien que ces deux oeuvres sont particulièrement intéressantes à travailler !

  10. La filière L devait être revalorisée. Or,on diminue l’horaire, on diminue donc aussi le programme et le contenu apparaît singulièrement appauvri et moins ambitieux. Même si l’on considère que l’heure et demie de littérature étrangère en langue étrangère s’ajoute aux heures restantes, 1) il manque 1/2 heure, 2)cette nouvelle matière aurait pu s’ajouter aux 4 heures de littérature française. Les élèves de L continuent à être moins bien traités que ceux de S: moins d’heures de cours, moins de dédoublements. Il est plus qu’urgent de revaloriser réellement cette filière pour la rendre attractive.

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