"Le Phare de l'oubli", de Fabian Grégoire
Les phares font rêver, sentinelles de nos côtes, ils sont l’acte de solidarité des terriens à l’égard des gens de mer. Dressés au bord de l’abîme, leurs puissantes lueurs balisent les nuits inquiètes du navigateur.
Avec Le Phare de l’oubli, Fabian Grégoire réalise un magnifique album à vocation didactique certes – puisqu’on y apprend, selon le principe de la collection “Archimède”, l’histoire des phares –, mais aussi dramatique et poétique.
L’histoire, c’est le combat d’une adolescente, Lucie (évidemment !), pour conserver le fragile équilibre qu’une vie funeste lui a réservé. Son grand-père, gardien de phare (la seule famille qu’il lui reste), perd la tête, la jeune femme le remplace donc clandestinement dans ses fonctions, dissimulant autant qu’elle le peut sa situation aux inspecteurs des phares. Elle finira néanmoins par confier son secret au narrateur, un jeune garçon qui vient de la ville.
La poésie, ce sont les illustrations. La technique du pastel rend idéalement ce mariage de terre et d’eau, ces rivages où les adolescents se rencontrent et où la mémoire du grand père s’égare. L’album est magistralement réalisé, et certaines pages retiendront l’attention du professeur qui aime à faire comprendre le langage de l’image : la montée des escaliers du phare au milieu de l’album est une réussite. Les angles de vue, l’attitude des personnages, tout nous suggère la difficulté et la patience dont il faut faire preuve pour se mettre au service de ces entités tranquilles et implacables que sont les phares.
Les scènes nocturnes sont superbes, la lumière fragile se fraie son chemin dans la nuit, faisant écho à cette obsession du grand-père, autrefois marin et qui, inlassablement, « sculpte ses rêves », ces masques papous, souvenirs des terres lointaines qu’il a abordées.
Un album exemplaire, donc, que ce Phare de l’oubli qui séduira petits et grands et dont la poésie continue de nous hanter longtemps après qu’on l’a refermé.
Stéphane Labbe
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• Fabian Grégoire, “Le Phare de l’oubli“, “Archimède”, l’école des loisirs, 2011.
• Tous les titres de la collection “Archimède”.
La parution du livre de Fabian Grégoire, Le Phare de l’oubli , dans la collection “Archimède”, m’a donné l’idée d’extraire des rayons de la bibliothèque Les Lettres de mon moulin de Daudet où figure la nouvelle “Le Phare des Sanguinaires”. Il est intéressant de confronter les deux textes sur le thème des phares, pour mettre en place une séquence qui sensibilise le lecteur aux formes de discours.
D’extrait en extrait : on précise le statut du narrateur et on situe les personnages sur la scène de l’histoire ; on repère l’intention de l’émetteur qui, à l’intérieur d’un même texte, tantôt raconte, tantôt décrit, tantôt explique, tantôt argumente ; on cherche les traits dominants de ces différents types de discours.
La fonction poétique n’est pas oubliée, elle ressortit à n’importe quel énoncé, mais la mise en page de l’album n’y est pas pour rien. Bref, avec le livre de Fabian Grégoire et la nouvelle de Daudet, on dispose d’une base de travail motivante pour classer les différents textes. Comme l’écrit la Bretonne Nolwenn Leroy, marraine de la Société nationale pour le patrimoine des phares et balises : « Les phares, ces vieillards de pierre et de bois qui bravent l’océan depuis toujours, sont aussi des rêves de pierre… Ils ne peuvent pas et ne doivent pas mourir. »
“Les angles de vue, l’attitude des personnages, tout nous suggère la difficulté et la patience dont il faut faire preuve pour se mettre au service de ces entités tranquilles et implacables que sont les phares.” Intrigant !
Merci pour le temps que vous avez passé à composer un résumé. J’aime bien votre site, je reviendrai sûrement vous visiter si le temps me le permet. Bonne continuité.