Enseignants, connaissez-vous votre « conseiller RH » ?
Un communiqué de presse du ministère en date du 26 février tire un premier bilan de la mise en place, initiée expérimentalement en 2018 et confirmée en 2019, de conseillers en ressources humaines de proximité à destination de l’ensemble des enseignants en activité.
Connaissiez-vous ces conseillers ? sans doute pas. Y perdiez-vous quelque chose ? Encore moins. Pourtant le ministre, nous dit-on, « se félicite du service proposé à tous les personnels de l’éducation ».
Le ministre se félicite de dispositions prises pour faciliter la mobilité des enseignants hors du monde de l’éducation. Ne devrait-il pas plutôt prendre des mesures pour retenir les enseignants dans le giron de l’École, et pour les satisfaire dans leur désir d’instruire et éduquer les jeunes et les adolescents ?
Mais non, le ministre se félicite d’en faire plus pour accompagner ceux qui voudraient changer de maison, ceux qui voudraient, selon la formule, « évoluer professionnellement ». Comme s’il acceptait, lui ministre de l’Éducation, que s’insinue et se banalise l’idée que professeur est un métier passager, qui se prend et se quitte comme on change d’entreprise, une expérience par ci, une expérience par là. Un petit tour devant les élèves et puis s’en va. Comme s’il ignorait, ou voulait ignorer, ou voulait abolir le fait que la plupart des enseignants ont passé les concours de recrutement avec le désir et l’intention de consacrer toute leur vie professionnelle à l’enseignement, comme s’il entérinait le fait qu’il n’y ait plus d’engagement par vocation.
Les conseillers en ressources humaines sont en cours de recrutement dans toutes les académies. Pas de concours mais un dossier à adresser au rectorat. Puis une formation en sept mois à l’Institut des hautes études de l’Éducation. Leurs missions : écouter, conseiller, recueillir les besoins de formation, animer les réseaux professionnels dans le bassin d’emploi.
Traditionnellement, les IPR ou les chefs d’établissements étaient les premiers interlocuteurs des enseignants qui se posaient des questions sur leur exercice du métier. La page portail Mobilité des enseignants était et reste également une source d’informations utile et précieuse : ces recours n’étaient-ils pas suffisants ? Fallait-il d’autres interlocuteurs éventuellement étrangers au milieu de l’enseignement, mais assurément plus formatés « ressources humaines » ?
C’est au moment même où les enseignants sont en demande de confirmation d’identité, de confirmation de leur mission, de reconnaissance sociale et institutionnelle, que l’on renforce les dispositifs destinés à quitter le navire plutôt que les dispositions pour rassurer l’équipage. Si les enseignants ont pu souvent, à bon droit, se plaindre de manquer de proximité ou de dialogue avec les IPR ou les personnels d’encadrement, ils ont désormais l’assurance d’avoir la proximité de ces conseillers, tout disposés à approuver leurs doutes et leurs envies d’ailleurs.
Il est tout à fait louable de s’occuper des interrogations professionnelles des enseignants mais on reconnaîtra que l’on attendait plus de solutions satisfaisantes à l’exercice du métier que de solutions en facilitant l’abandon.
Pascal Caglar
• La plateforme d’accompagnement PROXIRH de l’académie de Lyon.