Pass rentrée
Politiques éducatives. Deuxième rentrée sous le signe du Covid19, 2021-2022 se présente sous de meilleurs auspices grâce à la vaccination, a soutenu Jean-Michel Blanquer lors de sa conférence de presse de rentrée le 26 août. Augmentations pour les enseignants en début de carrière, pass sport et culture, le ministre de l’Éducation a également insisté sur le plan lecture et la pratique sportive.
Par Ingrid Merckx
C’est la rentrée des pass. Pass sanitaire, bien sûr, qui ne sera pas de rigueur dans les établissements scolaires, sauf en cas de sorties dans des espaces accueillant du public. Pass sport, soit une nouvelle allocation de 50 euros par enfant pour financer une inscription dans une association sportive et encourager ainsi la pratique physique qui a chuté pendant les confinements. Et pass culture : ce dispositif, déjà existant pour les jeunes de 18 ans, sera étendu à tous les lycéens et collégiens à partir de la quatrième, à compter du 1er janvier 2022.
Pour les majeurs, l’enveloppe baisse de 500 à 300 euros pour 24 mois, les quatrième et troisième bénéficient de 25 euros chaque année, à utiliser dans le cadre de projets scolaires et en lien avec l’éducation artistique et culturelle (EAC). Les seconde, première et terminale disposent de 50 euros par an à partager entre projets scolaires et usages personnels. «Cela va représenter, pour chaque classe de France, en fonction du nombre d’élèves, en moyenne 800 euros par an », a résumé Jean-Michel Blanquer lors de sa conférence de presse de rentrée, jeudi 26 août au matin dans les jardins du ministère .
Retrouvez les principales déclarations du ministre sur le live tweet de L’École des lettres.
Outre une augmentation en 2022 pour les enseignants en début de carrière, passant de 1700 euros nets à 1869 (57 euros par mois aux échelons 2 et 3, de 42.75 euros à l’échelon 4 et ensuite 28.50 euros par mois de l’échelon 5 au 9), la bonne nouvelle de la rentrée, c’est le plan lecture : « La lecture et le sport sont les clés de l’épanouissement », a insisté le ministre de l’Éducation, en rappelant que le président Emmanuel Macron avait retenu la lecture comme grande cause nationale.
« L’apprentissage de la lecture est la première priorité de l’école primaire », indique le livret « L’École de la république » qui rassemble les grandes lignes de la politique du ministère pour cette année scolaire. Cela se traduit par « différentes mesures visant à améliorer les conditions d’apprentissage pour les enfants », dont les dédoublement de classe en éducation prioritaire qui s’étendent cette année aux grandes sections de maternelle. Et un « renforcement de l’expertise didactique » indique le livret qui cite deux guides : Pour enseigner la lecture et l’écriture en CP et Pour enseigner la lecture et l’écriture en CE1.
Pour « favoriser la pratique quotidienne de la lecture », le ministère rappelle qu’il met à disposition des professeurs sur Eduscol « des listes d’œuvres et d’ouvrages pour les aider à choisir des lectures à proposer à leurs élèves, conformément aux programmes de l’école primaire et du collège ».
Pour accompagner la transition du CM2 vers le collège, le ministère reconduit depuis 2018 l’opération « Un livre pour les vacances » dont le titre est tiré du patrimoine. Soit un exemplaire des Fables de la fontaine, illustré par un artiste contemporain qui change tous les ans. En 2021, c’était Rebecca Dautremer.
La lecture Grande cause nationale
La lecture, grande cause nationale, devrait surtout permettre d’amplifier des actions et d’en lancer de nouvelles :
- Le quart d’heure lecture pourra être étendu au collège et au lycée ;
- Le plan Bibliothèque d’école a permis à 6 000 écoles d’acheter 900 000 livres et albums, avec un budget de 8,5 millions d’euros pour 2018-2021 ;
- le concours « Les petits champions de la lecture », qui encourage la lecture à voix haute en CM2 depuis 2012, pourra désormais intégrer les élèves de CM1. Et la version collège-lycée « Si on lisait à voix haute » rassemble 130 000 participants cette année ;
- Le soutien à l’association Lire et faire lire est renforcé ;
- Une cinquantaine de classes participent au Goncourt des lycéens chaque année ;
- Un Fauve des lycéens permet depuis cette année à 1 000 élèves d’élire leur BD préférée au festival d’Angoulême ;
- Des résidences d’auteurs, illustrateurs, scénaristes sont créés dans des établissements.
À une journaliste de Libération qui lui demandait de se définir, Jean-Michel Blanquer a déclaré qu’il se considérait comme un « républicain social ». Témoin principal, sa campagne laïcité qu’il inscrit dans le cadre des commémorations de l’assassinat de Samuel Paty le 16 octobre 2020. Celle-ci consiste en huit affiches « pour expliquer aux élèves le sens et les enjeux du principe de laïcité à l’école ». « Permettre à Eryn et Edene d’être égales en tout », « Permettre à Milhan et Aliyah de rire des mêmes histoires », «Donner le même enseignement à Romane, Elyjah et Alex, quelles que soient leurs croyances»… « C’est ça la laïcité », clament des slogans qui font déjà l’objet d’une polémique en ce qu’ils mélangent prénoms, couleurs de peau et croyances.
Pour faire taire les accusations de conservatisme et d’autoritarisme, Jean-Michel Blanquer a renvoyé à sa politique de lutte contre les inégalités avec les dédoublements de classes et le renforcement du dispositif « Devoirs faits » qui concerne un collégien sur trois. Il a balayé les critiques qui l’accablent personnellement en estimant que c’est le lot de tout ministre de l’Éducation, et en mettant en avant les quantités de témoignages positifs qu’il reçoit de professeurs. «Les rendez-vous avec les syndicats hier se sont très bien passés», s’est-il félicité. Il a également déclaré que jamais le budget de l’Éducation nationale n’avait autant augmenté que lors de ce quinquennat. Quant au Covid « Il y aura des problèmes mais on pourra les gérer », a-t-il rassuré, très content et très confiant, à des kilomètres des inquiétudes de prérentrée.