Ce que les enfants nous disent de l'école
La grande consultation nationale des 6-18 ans réalisée par Unicef France a livré ses résultats. Ils justifient le titre du rapport : Adolescents en France : le grand malaise.
En révélant en particulier les mécanismes de la spirale du malheur, c’est-à-dire le caractère cumulatif des difficultés, le rapport apporte la preuve que privation et exclusion sociale se conjuguent et renforcent les inégalités.
L’étude est sur ce point sans appel : elle établit la corrélation entre quatre types d’intégrations sociales, solidairement réussies ou problématiques : – intégration dans sa famille, – intégration dans son quartier, intégration dans son école, – et intégration dans la collectivité.
Ces quatre points sont liés: si cela se passe bien c’est le cas partout, mais si des problèmes sont repérés ils sont aussi partout. Rien d’étonnant dès lors à ce que le rapport entende alerter les pouvoirs publics sur la nécessité de protéger les enfants et les adolescents, conformément à la convention internationale des droits de l’enfant, établie il y a vingt-cinq ans.
L’image de l’école des 6-18 ans
Tout n’est cependant pas sombre. Le tableau que les jeunes interrogés (plus de 11 000 entre 6 et 18 ans) brossent de l’école donne le sentiment qu’un travail positif est en cours d’accomplissement. Ce qui est en bonne voie, c’est d’abord l’apprentissage des valeurs sociales et civiques : 93 % des répondants affirment : ” À l’école j’apprends à respecter l’autre, camarade ou adulte. ” 91 % choisissent de déclarer : ” À l’école les adultes me respectent quels que soient ma couleur de peau, ma religion, ma culture, ou mon physique.” Et 88 % affirment encore : ” À l’école les adultes respectent ma tenue vestimentaire.” Et les taux restent supérieurs à 80 % lorsque les jeunes parlent d’être respectés à l’école par leurs camarades, la peur de l’autre étant beaucoup moins forte à l’école que dans la société.
86 % des enfants affirment d’ailleurs : ” Je me sens en sécurité. ” C’est pourquoi l’école, le collège ou le lycée sont peut-être, selon les formules toutes faites, des lieux où se reflètent les tensions et violences de la société, mais ce sont surtout des lieux où ces mêmes tensions et violences sont amorties, déconstruites et combattues avec une réelle efficacité.
L’échange, le dialogue, l’aide et l’écoute, la parole normalisatrice et bienveillante sont des qualités civiques et éthiques que l’école porte plus que toute autre institution. Ces adultes référents, professeurs soutien ou ressource, sont d’ailleurs plébiscités : 83 % des interrogés déclarent : ” À l’école on peut m’aider si je suis en difficulté pour comprendre et faire mes devoirs. ” Mieux encore, 71 % des adolescents n’hésitent pas à soutenir : ” Mon collège ou mon lycée me propose une orientation professionnelle. “
Un bémol toutefois, léger cependant, l’accompagnement social et psychologique semble pouvoir s’améliorer, puisque ” seulement ” 52 % des jeunes affirment : “ À l’école il y a un adulte que j’apprécie et à qui je peux confier mes ressentis et raconter mes problèmes. “
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Un encouragement à poursuivre dans la voie d’un accompagnement humain des élèves
À l’évidence les relations adultes-enfants à l’école sont des relations de qualité et une fois encore le mérite en revient à l’ensemble du personnel d’un établissement. Les progrès à accomplir, car les enfants ne valident pas tous les aspects de leur éducation, portent sur des sujets délicats, complexes… et d’actualité. C’est ainsi qu’ils sont 72 % à dire : “ À l’école ma journée de cours est trop longue et je suis fatigué l’après midi. “
N’entrons pas dans les débats sur les rythmes scolaires, mais que chacun reconnaisse le problème, refuse l’immobilisme, et un grand pas sera fait. Autre sujet, autre front : 69 % d’entre eux affirment encore : ” Il m’arrive quelquefois d’être angoissé de ne pas réussir assez bien à l’école.” Le spectre de la notation surgit aussitôt, et si une réflexion est en cours, elle doit aller au delà de la note supprimée, bienveillante ou substituée, et reconsidérer le climat d’ensemble qui règne durant les études.
Enfin, dernier point souligné moins fortement mais à relever : 30 % des interrogés déclarent : ” Je mets plus d’une demi-heure pour aller à l’école le matin.” Le temps de déplacement est encore trop souvent sous-estimé dans l’ensemble des activités scolaires : emploi du temps, travail à la maison, récupération, inégalité, le transport est au coeur de toutes les problématiques de l’éducation.
Le sentiment d’une éducation bien conduite est donc majoritaire chez les 6-18 ans. Sans doute l’enquête aurait-elle gagné en précision si elle avait distingué enfants en primaire et enfants dans le secondaire ou si les questions sur l’école avaient éte plus nombreuses (moins de 30 items), mais cette moisson de réponses est un encouragement à poursuivre dans la voie d’un accompagnement humain des élèves, avec la présence d’adultes bien formés.
Pascal Caglar
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• Voir sur ce site : Le rapport de l’Unicef France 2014 fait ressortir le cumul des inégalités vécu par les enfants en situation de privation et le malaise grandissant entre l’enfance et l’adolescence.
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