Les nouvelles épreuves orales du CAPES de Lettres: conseils pratiques
Alors que l’écrit du Capes vient de s’achever (ce 8 avril), des inquiétudes montent chez certains candidats à l’approche des épreuves orales.
Ces nouvelles épreuves seraient mal circonscrites, les attentes seraient floues, la préparation aventureuse.
Rien n’est plus compréhensible qu’une appréhension née de la nouveauté mais rien n’est plus dangereux qu’un blocage né d’un refus de celle-ci. Les textes officiels sont clairs et, à la vérité, le changement est plus spectaculaire dans la dénomination de l’épreuve – Mise en situation professionnelle – que dans son déroulement, assez proche des sessions antérieures.
Une épreuve d’explication de texte et de grammaire
L’épreuve reste avant tout une épreuve d’explication de texte et de grammaire.
Ces deux exercices, piliers de l’oral, conservent leur prééminence et leur valeur consacrée. Le texte et la question de grammaire sont simplement intégrés dans un dossier, au demeurant fort mince, puisqu’il ne compte qu’un document iconographique et un document grammatical (page de manuel, de cahier d’exercices…).
Ces deux documents sont destinés à entrer en résonance, l’un avec le texte étudié, l’autre avec la question traitée. Ils doivent donc être ni survalorisés, ni délaissés.
Places du document iconographique et du document pédagogique grammatical
Le document iconographique (photo, reproduction de tableau, de gravure) ne prétend pas délivrer un projet de lecture ni même un axe de lecture ; il ne peut pas davantage faire l’objet d’une étude exhaustive et technique qui prendrait le pas sur l’étude littéraire du texte, il ne peut constituer un temps autonome de l’explication, ni détourner l’épreuve de sa nature première pour l’orienter vers une étude comparée (un même thème et deux supports parallèles).
L’extrait de document pédagogique grammatical se situe au même niveau d’exigence : il ne se substitue pas aux occurrences à relever et il ne contient pas à lui seul la problématique grammaticale et n’invite pas à une leçon censée produite en classe.
La place de l’un et l’autre de ces documents est donc du côté du soutien dynamique à la réflexion, de l’enrichissement, de l’exploitation potentielle, comme déjà dans les sessions antérieures le livre laissé entre les mains du candidat pouvait offrir à celui-ci, par ses notes, son appareil critique et la totalité de l’œuvre ainsi fournie, des éléments potentiels d’approfondissement d’analyse.
Le document iconographique
C’est pourquoi le document iconographique ne devra pas attendre la conclusion pour être mentionné à la manière d’une ouverture ; il n’est pas davantage condamné à n’être cité qu’une seule fois et pour un seul de ses constituants à la manière d’une illustration ponctuelle, mais il s’insère dans le commentaire autant de fois que sa référence aide à préciser la signification du texte.
Choisi pour son importance et ses qualités culturelles et esthétiques, il est censé être connu du candidat ou tout du moins appartenir à cette culture scolaire véhiculée par les manuels et les éditions illustrées.
Les extraits de grammaire
Les extraits de grammaire également tirés d’ouvrages scolaires apportent un éclairage partiel sur la question à traiter, tout comme dans les sessions antérieures, les candidats eux-mêmes pouvaient être amenés à proposer des exemples de leur cru pour illustrer et vérifier des propriétés constitutives de telle ou telle notion de grammaire.
Les deux documents s’inscrivent ainsi dans une préparation élargie, appuyée sur le savoir universitaire traditionnel et une fréquentation plus grande des manuels et autres outils pédagogiques au service de l’enseignant.
“Mise en situation” et “analyse” d’une situation professionnelle
L’épreuve de mise en situation professionnelle ne doit donc pas être confondue avec l’épreuve d’analyse d’une situation professionnelle qui s’inscrit nettement, dans la continuité avec l’ancienne épreuve sur dossier, dans le cadre de construction d’une séquence pédagogique.
L’épreuve de mise en situation professionnelle n’a pas vocation à être une explication de texte propre à une classe de collège ou de lycée. Le principe « qui peut le plus peut le moins » est ici comme ailleurs en vigueur : tel candidat capable de produire une explication intelligente et cultivée, a fortiori, est capable de produire l’explication scolaire requise par tel ou tel niveau d’enseignement.
Une épreuve ambitieuse et exigeante
L’épreuve reste donc ambitieuse et exigeante parce que le futur enseignant ne peut être qu’un utilisateur de documents pédagogiques. Elle s’inscrit dans la continuité du passé sans répéter celui-ci : le dossier qui vient accompagner le texte, aussi mince soit-il, est une expérience intéressante et, qui sait, un premier pas vers l’utilisation de supports variés dans la préparation d’explications de textes et de questions de grammaire.
Jean Georges
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