Redécouvrir les "Fables" de Florian de l'école au lycée
Dans le cadre de l’étude de textes de satire ou de critique sociale du XVIIIe siècle au collège, les Fables de Florian offrent une alternative bienvenue aux œuvres des philosophes de ce siècle, dont la lecture se révèle parfois délicate. Ces fables s’inscrivent à la fois dans le prolongement des Lumières et dans la lignée des grands moralistes du XVIIe siècle, mais elles apportent également un témoignage indirect sur les jours sombres de la Révolution et sur les interrogations que celle-ci put susciter.
L’œuvre de Florian constitue donc un parfait exemple de ces textes que les programmes invitent à mettre en relation avec le programme d’histoire. Elle nous permet, par ailleurs, de revenir sur le genre de la fable, que les élèves connaissent généralement par le biais de La Fontaine. Ils auront ainsi la surprise de découvrir, dans un langage plus accessible – Florian est plus proche de nous dans le temps et n’a pas recours, comme son illustre modèle, à ces archaïsmes, certes truculents, mais déroutants pour de jeunes lecteurs – l’univers pittoresque et extravagant de la fable.
La fable en tant que genre littéraire
Cette séquence s’attachera donc, dans un premier temps, à redéfinir la fable en tant que genre littéraire. Nous montrerons à cette occasion que le texte littéraire ne se définit jamais aisément et, en nous appuyant sur la préface intitulée « De la fable », nous constaterons que les problèmes esthétiques qui se posaient au XVIIIe siècle n’ont, à ce jour, pas été résolus – preuve, s’il en est, que l’objet littéraire résiste aux investigations.
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La dimension morale
La seconde partie de la séquence portera sur la dimension morale des fables, puisque la fable est, qu’on le veuille ou non, toujours oeuvre de moraliste. Le terme est aujourd’hui tombé en désuétude, et il nous faudra amener le jeune public à bien différencier les termes « moraliste » et « moralisateur », distinction à laquelle Florian lui-même fait allusion dans sa préface (p. 12) : le moraliste donne certes des « leçons », mais « on ne s’en offense plus » car il le fait avec art. On remarquera, d’autre part, que le moraliste nous invite plus souvent
à réfléchir qu’à nous conformer à des modèles préconçus.
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La satire sociale et politique
Nous terminerons en montrant en quoi l’œuvre de Florian s’inscrit en droite ligne dans le prolongement de la réflexion et des combats menés par les philosophes des Lumières. En digne neveu de Voltaire qu’il est, Florian refuse les superstitions, critique les injustices et cultive la satire sociale et politique – avec modération toutefois. La fin du siècle, agitée par les troubles révolutionnaires, incite à la prudence et à la recherche de thématiques et de réflexions échappant aux contingences politiques.
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Initier à un autre mode de lecture
Proposer des fables en œuvre intégrale à nos élèves, c’est les initier à un autre mode de lecture. Le roman étant à présent le genre de référence, lire est logiquement devenu, pour eux, lire des romans, s’astreindre à une linéarité, à un effort prolongé. La fable leur offre un autre mode de lecture : le livre a beau être organisé, le lecteur peut picorer une fable ici, une autre là, se laisser inspirer par un titre, intriguer par une courte allégorie.
La lecture de la fable et, plus généralement, du poème invite à se perdre dans un livre, puis… à s’y retrouver, en opérant des recoupements, en revenant sur des textes qui se révèlent plus marquants et qui, de ce fait, fonctionnent comme autant de balises.
Stéphane Labbe
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• L’œuvre de Florian dans l’École des lettres.