« Peter Pan », de James Matthew Barrie
Peter Pan est sans doute plus connu que son créateur, James Barrie, dont les contemporains, durant la période édouardienne, plébiscitèrent l’œuvre dramatique.
Son travail de romancier (Margaret Ogilvy, Adieu, Miss Julie Logan), beaucoup plus confidentiel, mérite néanmoins d’être redécouvert pour sa fantaisie déroutante et parce qu’il fait preuve d’une étonnante modernité. Peter Pan (Peter and Wendy), adapté de la pièce de théâtre à succès, annonce pourtant certaines grandes tendances idéologiques de notre époque en exaltant la jeunesse aux dépens d’une maturité rendue synonyme d’avidité bourgeoise.
Par le recours à un merveilleux inquiétant, le récit de Barrie apparaît aussi comme un ouvrage précurseur de l’heroic fantasy qui, de Tolkien à Rowling, ne cessera de séduire de nouveaux publics. Mais Peter Pan est également une aventure de l’écriture. Adapté du théâtre, le roman illustre le concept de « roman-jeu » évoqué par Milan Kundera dans son Art du roman (Gallimard, 1986). C’est ce dernier aspect auquel nous nous attacherons, entre autres, dans une séquence destinée à des classes de troisième.
L’œuvre de Barrie est à la fois un récit d’enfance et une grande œuvre littéraire du XXe siècle. Elle permettra non seulement d’analyser le concept de « roman-jeu » mais aussi d’exercer les élèves à l’exercice de la transposition dramatique, préconisé en troisième. On pourra placer son étude dans le courant du premier trimestre ; il est souhaitable d’avoir abordé au préalable le théâtre tragique, ce qui fournira les pré-requis nécessaires aux exercices d’écriture dramatique et certaines notions utiles à la compréhension des enjeux de l’intrigue.
Organisation de la séquence
Séance 1. – Situer l’œuvre dans la tradition du merveilleux anglais et dans la biographie de l’auteur. Analyse de documents, lectures documentaires et recherches au CDI.
Séance 2. – Prendre conscience des exigences de mise en scène qu’impose un texte théâtral. Lecture analytique de l’ouverture de la pièce et réflexion sur la mise en scène de l’extrait.
Séance 3. – Comprendre en quoi les langages romanesque et dramatique exigent des écritures différentes. Lecture du chapitre d’ouverture et retour sur la scène de théâtre précédemment étudiée pour comparer les modalités de transmission de l’information.
Séance 4. – Transposer une scène de roman sous forme dramatique. Entraînement à l’expression écrite à partir d’un extrait du roman.
Séance 5. – Revenir sur la notion de merveilleux et caractériser l’imaginaire de Barrie avec le Pays-hors-du-temps. Application du concept de merveilleux à la première partie du roman.
Évaluation de lecture. QCM évaluant la lecture des chapitres III à IX.
Séance 6. – Comprendre en quoi l’esthétique de Barrie relève de ce que Kundera appelle le « roman-jeu ». Lecture analytique de la fin du chapitre VII.
Séance 7. – Reconnaître et conjuguer le conditionnel, identifier ses valeurs. Morphologie des conditionnels présent et passé, analyse des valeurs du présent à partir d’une fiche d’exercices.
Évaluation de lecture. Résumé à trous pour vérifier la lecture des chapitres XI à XIII.
Séance 8. – Réinvestir les notions de merveilleux et de « roman-jeu » abordées au cours de la séquence. » Lecture analytique de la fin du chapitre XIII.
Évaluation de lecture. QCM évaluant la lecture des chapitres XIV et XV.
Séance 9. – Évaluations. Sujet de type brevet élaboré à partir de la scène des adieux entre Peter et Wendy (pp. 216-219).
Séance I. Barrie et le merveilleux anglais
Objectif. – Situer le roman de James Matthew Barrie dans le contexte du merveilleux anglais et dans celui de sa création.
Démarche. – Au CDI, le professeur distribuera aux élèves la fiche suivante, ainsi que le document complémentaire, en leur donnant pour consigne de noter leurs réponses sur une feuille de brouillon. Ceux qui le souhaitent pourront travailler par groupes de deux.
Le travail effectué sera corrigé oralement ; les élèves auront ensuite à réaliser une synthèse individuelle respectant le plan de la fiche, c’est-à-dire :
– A. – Le merveilleux anglais ;
– B. – James Matthew Barrie ;
– C. – La genèse de Peter Pan.
A. Le merveilleux anglais
1. – Trouvez une ou plusieurs définitions du mot « merveilleux » en tant que nom.
2. – Tous les auteurs cités ci-dessous sont anglais, reliez-les aux œuvres qu’ils ont écrites.
• Auteurs : a. Edith Nesbit. – b. J.R.R. Tolkien. – c. Kenneth Graham. – d. Rudyard Kipling. – e. Lewis Carroll. – f. James Matthew Barrie.
• Œuvres : 1. Peter Pan (1911). – 2. Alice au pays des merveilles (1865). – 3. Bilbo le Hobbit (1937). – 4. Cinq enfants et moi (1902). – 5. Le Livre de la jungle (1894). – 6. Le Vent dans les saules (1908).
3. – En vous aidant d’Internet ou de vos connaissances, placez les titres des œuvres devant leur description :
I. ……………………………………………. : Wendy et ses frères suivent l’intrépide Peter Pan au Pays-hors-du-temps.
II. ……………………………………………. : Le magicien Gandalf entraîne le paisible Bilbo dans un périple à la recherche d’un trésor dans la Montagne Solitaire.
III. ……………………………………………. : M. Rat et M. Taupe s’aventurent sur la rivière et partagent les passions du riche M. Crapaud.
IV. ……………………………………………. : Anthea, Jane, Cyril et Robert découvrent dans le sable une créature merveilleuse qui prétend exaucer leurs vœux.
V. ……………………………………………. : Alice suit un lapin blanc à redingote dans son terrier et découvre un univers extravagant.
VI. ……………………………………………. : Le jeune Mowgly est adopté par des loups qui le sauvent des griffes du terrible Shere Khan, le tigre boiteux.
B. La vie de James Matthew Barrie
4. – Lisez les repères biographiques, pages 231 à 236, et répondez aux questions suivantes :
– Où et quand James Matthew Barrie est-il né ?
– Quel événement dramatique marque son enfance ?
– Quelles lectures de jeunesse ont pu l’influencer ?
– Quelle profession exerce-t-il après ses études ?
– Quels sont ses premiers succès littéraires ?
– Qui a-t-il épousé ? Ce mariage sera-t-il heureux ?
– Quelle rencontre déterminante fait-il en 1837 ? En quelles circonstances devient-il le tuteur des enfants Llewelyn Davies ?
– Quel rôle est-il amené à jouer pendant la Première Guerre mondiale ? – Quels sont ses grands succès en tant que dramaturge (auteur de théâtre) ?
C. La genèse de « Peter Pan »
5. – Lisez la préface, pages 5 à 7 : quelles sont les œuvres ayant précédé notre version de Peter Pan dans lesquelles Barrie a déjà mis en scène son personnage ?
6. – Toujours dans la préface, pages 8 et 9 : quel drame semble avoir été à l’origine de Peter Pan ? Lisez le document complémentaire proposé : de quelle œuvre est-il tiré ? À qui le narrateur s’identifie-t-il dans cet extrait ? Dans quel but ?
7. – Relevez dans les « Repères biographiques », pages 231 à 236, d’autres éléments dont on trouve la trace dans Peter Pan.
Stéphane Labbe
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