Le festival Paroles indigo
Lire, découvrir, rencontrer, partager…
Tels pourraient être les mots-clés du Festival Paroles indigo.
Du 30 octobre au 2 novembre, ce chaleureux événement littéraire arlésien réunit, pour sa troisième édition, des voix et écritures d’Afrique de l’ouest, du Maghreb et du Moyen-Orient.
Le Festival Paroles indigo porte bien son nom. Le verbe s’y énonce haut et fort jusque vers l’azur. Les textes s’y lisent, s’y content, s’y écoutent. La vie s’y affirme « positivement », ainsi que le proclame Tanya Hadjithomas Mehanna, la fondatrice des éditions Tamyras (Beyrouth), l’une des invitées-phares du festival.
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À la découverte du Festival Paroles indigo
Tanya Hadjithomas Mehanna vient en effet présenter au public Positive Lebanon, un livre auquel elle tient tout particulièrement car il rend compte des nombreuses avancées de la société civile libanaise, de sa créativité, de son courage, de ses innovations, de son ouverture multiculturelle. Comme une soupape d’oxygène, l’ouvrage constitue un véritable contrepoint aux difficultés actuelles que connaît le Liban, aux prises notamment avec les effets collatéraux de la guerre en Syrie :
« À travers l’édition, je voudrais que les mots regagnent du pouvoir, qu’ils soient les ambassadeurs de la puissance et de la volonté de vie, et d’un refus de la mort », dit l’éditrice.
Les propos de Tanya Hadjithomas Mehanna correspondent parfaitement à l’ambition globale du festival. « Nous avons choisi pour thème central cette année les initiatives positives issues de la société civile, que ce soit dans les domaines culturel, économique, social ou solidaire… », explique en effet la directrice de l’événement, Isabelle Grémillet.
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D’autres façons de dire le monde
Wala Bok, un ouvrage paru cette année au Sénégal aux éditions Amalion, sera à ce titre également présenté par son auteure, Fatou Kandé Senghor – « Wala Bok » signifie « Comment vas-tu ? » en wolof.
Ce livre, une histoire du hip-hop au Sénégal, informe bien sûr largement sur la scène artistique et le rap dans ce pays, mais il en dit long également sur la société sénégalaise.
Les mouvements sociaux alternatifs de ces dernières années, mais aussi des toutes dernières semaines en Afrique de l’Ouest et jusqu’au Congo Brazzaville, se sont en effet beaucoup appuyés sur le mouvement hip-hop, avec des collectifs aux noms évocateurs comme « Y’en a marre » (Sénégal) ou le « Balai citoyen » (Burkina).
« Il s’agit pour nous de faire entendre d’autres façons de dire le monde, insiste Isabelle Grémillet. C’est pourquoi, si le programme du festival comporte des conférences lors desquelles auteurs et éditeurs présentent des ouvrages et évoquent leur démarche, la programmation accorde également une large part à la lecture à haute voix et en plusieurs langues. »
C’est le cas en particulier durant la journée de samedi où plusieurs lectures auront lieu à Arles et Tarascon, à l’adresse de publics de tous les âges, depuis les tout-petits jusqu’aux adultes.
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« Retrouver l’énergie d’être chacun, là où il se trouve, acteur du monde »
Engagement et militance douce parfument donc, le temps d’un week-end, le bel et large azur arlésien. Car le festival est le résultat d’une démarche têtue : l’envie de mettre à portée des lecteurs « d’autres mondes, d’autres problématiques ».
Cette envie a conduit Isabelle Grémillet a créer, fin 2009, une plateforme entrepreneuriale : « Une structure de diffusion, de distribution et de promotion – L’Oiseau indigo – particulièrement destinée à mettre en lumière et rendre disponible la production éditoriale des mondes arabe et africain. »
Ainsi le festival constitue-t-il un moment de rendez-vous privilégié entre tous les éditeurs de la « bulle indigo », leurs auteurs et le public. Outre les rencontres, le partage de lectures et de conversations, un « pique-nique du monde » (samedi 12 h, à l’Espace Van Gogh) permettra à tous les acteurs de l’événement – auteurs, éditeurs, bénévoles – de se rapprocher un peu plus encore des Arlésiens curieux du livre et curieux d’ailleurs.
Une belle programmation artistique en soirée est également prévue : cinéma, théâtre et musique. Coup de cœur pour la chanteuse sénégalaise Julia Sarr ! « J’aimerais que le festival permette à tous de partager et, par la rencontre, de retrouver l’énergie d’être chacun, là où il se trouve, acteur du monde », conclut Isabelle Grémillet.
Pour les Parisiens jaloux, les festivités se prolongent le mercredi 4 novembre à la librairie Les Oiseaux rares. Des oiseaux au plumage indigo, sans aucun doute.
Kidi Bebey
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• Retrouvez le programme complet du festival Paroles indigo.
• Les éditions Tamyras.
• Les éditions Amalion.
• Les éditeurs diffusés par L’Oiseau indigo.
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