L’appel de la culture
Le soutien à l’accompagnement éducatif apporté par les milieux culturels est schématiquement de deux sortes : soit l’institution, théâtre ou musée, fournit des contenus et des ressources, met à disposition une partie de ses documents, soit elle recherche l’interaction, l’échange, le dialogue et donne réellement des rendez-vous (téléphoniques) au public de l’enseignement, professeurs, élèves ou amateurs de culture en général.
Cette action qui a l’avantage de rétablir un lien physique, ne serait-ce que par la voix, vaut plus que des encouragements, elle mérite d’être imitée et amplifiée.
Au théâtre de la Colline, au Théâtre de la Ville, et du côté de certaines associations comme Théâtre à la Maison, pas d’images ou de paroles qui ne rencontrent son ou ses destinataires. Ce principe de contact vocal qui était au départ un pari plutôt périlleux, est en phase d’être un pari gagné : le Théâtre de la Ville peut se flatter d’avoir déjà tenu plus de 5 000 consultations poétiques, et les entretiens dits « aux creux de l’oreille » des Poissons pilotes de la Colline ont déjà intéressé autant d’amateurs.
À chaque fois, l’échange se fait autour d’un texte – théâtre, poésie, roman – qui donne lieu à une discussion entre une personne inconnue et un professionnel de la culture. Il suffit de prendre rendez-vous sur l’un des créneaux mis en ligne : un comédien vous appelle, un partage d’idées, d’impressions s’établit durant quinze à vingt minutes qui font du bien, que l’on soit artiste (voir les témoignages sur la page « Au creux de l’oreille » du Théâtre de la Colline) ou anonyme, enseignant ou élève.
Au Théâtre de la Ville, les consultations s’amplifient jusqu’au 1er juillet, d’abord parce que le théâtre a conclu un partenariat avec le rectorat de Paris et propose des rendez-vous spécifiques aux enseignants, d’autre part parce que son offre d’échanges s’ouvre désormais aux sujets scientifiques avec au bout du fil des neurologues, des astrophysiciens ou encore des biologistes. À terme, Emmanuel Demarcy-Mota espère pérenniser cette expérience dans un programme 2020- 2021 intitulé Tenir parole en imaginant dès la rentrée des espaces de dialogue rassemblant les mondes de l’école, de la culture, de la santé et de la science.
Vivre l’émotion d’une rencontre, retrouver une parole vivante, rompre l’isolement ou la solitude du face à face avec son écran, concilier bénéfices intellectuels et bienfaits psychologiques, tels sont les avantages immenses de ces formules (au « Théâtre à la maison » vous choisissez vous même votre texte à lire) où rien ne se perd dans la virtualité de la réception. Moins longs qu’une émission ou une vidéo, mais plus intenses, plus mémorables, ces rendez-vous sont au plus près sinon de la leçon particulière du moins d’une conversation ni ordinaire ni anodine.
Pour une fois que l’enseignant et ses élèves ne sont pas mis en situation de passivité, l’occasion est belle de trouver dans ces consultations littéraires des compléments pédagogiques modestes et précieux, à mi-chemin entre le « présentiel » et le « distanciel », ce nouvel état du travail scolaire.
Pascal Caglar
• Théâtre de la Ville
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