Lads, de Julien Menanteau :
ouvrier du galop

Marco Luraschi incarne un jeune qui tente de s’en sortir en devenant jockey. Entre rêve d’ascension sociale, chronique sur le milieu des lads et nouvelle tête de cinéma, le film de Julien Menanteau se fait tendre dans ses creux.

Par Ingrid Merckx, rédactrice en chef

Marco Luraschi incarne un jeune qui tente de s’en sortir en devenant jockey. Entre rêve d’ascension sociale, chronique sur le milieu des lads et nouvelle tête de cinéma, le film de Julien Menanteau se fait tendre dans ses creux. 

Par Ingrid Merckx, rédactrice en chef

Il a commencé la voltige à douze ans, il a déjà tourné dans un certain nombre de films, il était cascadeur sur les Trois mousquetaires de Martin Bourboulon (2023) où il a doublé et entraîné François Civil-D’Artagnan : Marco Luraschi, fils de Mario Luraschi, le dresseur de chevaux le plus célèbre du cinéma, est la vedette de Lads de Julien Menanteau, qui lui offre son premier rôle principal.

Éthan, 17 ans, se présente dans une célèbre écurie de course pour se faire embaucher comme jockey. Un rien trop lourd sur la balance et porteur d’un bracelet électronique à la cheville, il rate le premier test d’entrée. Touché par sa fureur de voir s’envoler cette perspective de réinsertion, Hans, l’entraineur (Marc Barbé), lui propose un job de lad. Pour monter sur des chevaux de course, il faut commencer par curer les box.

La leçon vaut initiation dans ce film qui mêle sport de haut niveau et jeunes de milieux populaires dans un décor pas si habituel au cinéma. D’ailleurs, le scénario qui se teinte de tonalités policières (le père d’Éthan doit de l’argent à des bandits) passe souvent derrière la portée documentaire du film sur la vie des lads, leur routine d’entraînement, leur discipline physique, leur préparation mentale, leur rêve d’ascension sociale et la concurrence dans ce monde où l’argent est roi et décide de tout, sur le dos des ouvriers du galop, qui risquent leur peau. 

Ode au cheval et au cavalier

Le contraste un peu appuyé entre le dortoir et les écuries et l’appartement boisé baigné de musique classique de Suzanne (Jeanne Balibar) la patronne de l’écurie, n’est qu’un leurre : la grande prêtresse est aussi une employée, elle n’est propriétaire de rien, sinon de son expérience.

C’est la deuxième leçon de ce film qui en tisse discrètement une troisième sur le choix de son destin. Éthan, jouant son rôle d’outsider, parvient à faire grimper le niveau de fiction dans les creux du film, c’est-à-dire moins dans les scènes d’action et de confrontation que dans les relâchements : une chanson dans une boite de nuit, un tête à tête avec son poulain préféré. Au final, ce garçon endurci par les épreuves nourrit une grande tendresse pour cet animal qui devient progressivement plus important que tout. Et cela rend le personnage très attachant.

Le regard clair, les cheveux décolorés, Marco Luraschi a une tête de cinéma, comme on le disait du temps de Belmondo et Lino Ventura. Entre loulou de banlieue et mécano de campagne, chouchou de la patronne et solitaire au cœur tendre, il déjoue les codes y compris chez les jockeys. Lesquels comptent une femme dans leurs rangs qui fleurent l’armée plus encore que les vestiaires : la très juste Ethelle Gonzalez Lardued.

L’énergie à l’écran n’est pas alimentée par les habituelles courses de galop sur des hippodromes surexposés, mais par des épreuves de steeple-chase, ce sport venu d’Angleterre où les chevaux doivent sauter des haies à grande vitesse et en peloton ce qui rend l’exercice terriblement dangereux pour les montures comme pour les cavaliers.

Comme dans Jappeloup de Guillaume Canet (2013) et Tempête de Christian Duguay (2022) – deux films où joue Marco Luraschi – la caméra est embarquée en selle, elle chevauche à ses côtés, elle l’observe pendant la course, elle est avec lui sur son cheval, elle aperçoit les autres tomber, elle sent les mouvements, elle regarde loin devant, entre les oreilles dressées dans le cadre, grisée. 

I.M.

Lads de Julien Ménanteau, film franco-belge (1h31), avec Marco Luraschi, Jeanne Balibar, Marc Barbé, Estelle Gonzalez Lardued, Phénix Brossard.

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Ingrid Merckx
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