La guerre d'Algérie au théâtre
À la fin de l’année 2015 et au début de l’année 2016, deux créations théâtrales ayant pour thème la guerre d’Algérie, et plus exactement la mémoire de cette guerre, ont été montées dans la région parisienne : Revenir ! Quand parlent les cendres, mise en scène par Barbara Bouley-Franchitti, et La Guerre de mon père, mise en scène par Judith Depaule
Présentation de ces deux œuvres appelées à tourner.
“Revenir ! Quand parlent les cendres”
Revenir ! Quand parlent les cendres, a été créée et mise en scène par Barbara Bouley-Franchitti de la compagnie Un Excursus. Elle a été jouée en novembre 2015 et en février de cette année à Anis gras – Le lieu de l’Autre à Arcueil. Il s’agit plus particulièrement du premier volet d’un triptyque consacré au post traumatic stress disorder (PTSD), dû à des chocs émotionnels violents, notamment lors de conflits armés.
C’est d’ailleurs là que la pièce nous amène, pour nous raconter les souffrances du père de la protagoniste après être revenu de la guerre d’Algérie. La pièce consiste en un dialogue du personnage avec l’urne funéraire de son père dont les funérailles viennent d’avoir lieu.
La mise en scène est dépouillée : des bougies sont disposées à endroits réguliers sur la scène, avec quelques autres éléments (l’urne funéraire en forme d’œuf, un tabouret, une mini-chaîne…). Cette pièce, que l’on devine largement autobiographique, raconte les silences, les cauchemars et les crises que le père a faits subir à son épouse et à sa fille au retour de la guerre.
Les silences et les traumatismes sont en effet une expérience largement partagée par les enfants de soldats de la guerre d’Algérie[*]. C’est ainsi une occasion de s’interroger sur la transmission du traumatisme à la génération suivante.
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“La Guerre de mon père”
La seconde pièce, La Guerre de mon père, développe un thème très proche. Elle est portée sur scène par Judith Depaule de la compagnie Mabel Octobre. Ici aussi, un seul acteur est sur scène. L’une des différences avec la première pièce est l’âge des protagonistes : dans Revenir !, la protagoniste, plus âgée, a vécu le retour de son père de la guerre et l’a maintenant enterré, tandis que dans La Guerre de mon père, celui-ci est encore en vie et apparaît en vidéo sur scène.
Dans cette pièce aussi, l’acteur s’interroge sur les silences de son père à propos de sa participation à la guerre d’Algérie. La mise en scène utilise ici beaucoup les nouvelles technologies : le père intervient par l’intermédiaire d’une vidéo, l’acteur est en conversation vidéophonique avec des amies (une française et une d’origine algérienne) qu’il interroge à propos du parcours de leurs parents dans cette guerre.
L’acteur reprend ensuite le parcours des appelés du contingent dans la guerre d’Algérie, d’une manière très didactique et très interactive : la mise en scène joue en effet sur la vidéo et la musique, l’acteur déploie une carte de l’Algérie projetée en même temps sur écran, et il dispose sur cette carte des « petits soldats » en plastique pour illustrer le quadrillage du territoire opéré par l’armée française…
La compagnie théâtrale a également réalisé des entretiens filmés avec une quinzaine d’anciens appelés, qui viennent appuyer le propos développé. Cela permet ainsi de suivre le parcours de ces anciens appelés, les rôles qu’ils ont joués au cours de cette guerre, leurs peurs, leurs rapports à la violence, toujours dans un aller-retour entre scène et vidéo.
Àla fin de la pièce, le parcours de plusieurs familles algériennes offre un contrepoint intéressant, avant de se terminer sur le bilan de cette guerre : « Tout ça pour ça » pour l’un, « Une connerie » pour l’autre. Bref, un beau gâchis que cette guerre, mais une très belle pièce, didactique, qui a commencé à être présentée dans des lycées.
Deux représentations doivent encore être données à Confluences (Paris 20e) les 17 et 18 mars prochains. Espérons qu’elles seront suivies de nombreuses autres !
Tramor Quemeneur
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[*] Voir notamment Florence Dosse, Les Héritiers du silence. Enfants d’appelés en Algérie, Stock, “Essais, Documents”, 2012, 288 p.
• Les représentations de “La Guerre de mon père” ont lieu à Confluences, 190, boulevard de Charonne (01 40 24 16 46) le 17 mars 2016 à 20 h 30 – représentation suivie d’un débat avec l’historien Gilles Manceron – et le 18 mars 2016 à 15 h, représentation suivie d’un débat avec le témoin Rahim Rezigat, et, après la représentation de 20 h 30, d’un débat avec l’équipe.
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Voir également sur ce site :
• « Algérie, le soleil et l’obscur », de Madeleine Chaumat, par Tramor Quemeneur.
• « Les Mémoires dangereuses », de Benjamin Stora avec Alexis Jenni, par Yves Stalloni.
• « Algérie. Les pieds-rouges », de Catherine Simon, par Tramor Quemeneur.
• L’enseignement de la colonisation et de la décolonisation et la lutte contre le racisme et les discriminations à l’école, par Tramor Quemeneur.
• Pour lutter contre les préjugés, le musée de l’Histoire de l’immigration, par Tramor Quemeneur.
• « Camus brûlant », de Benjamin Stora et Jean-Baptiste Péretié, par Yves Stalloni.
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Bonjour Mr Quemeneur,
Journaliste pour ITélé-Canal+, je cherche à vous contacter pour un court reportage dont la diffusion est prévue samedi. Pourriez-vous me recontacter dès que possible ? Un grand merci