La francophonie dans les Amériques : visages, histoire et défis
Lancée il y a un peu moins d’un an, la plateforme collaborative Francophonie dans les Amériques : langues, cultures et éducation rassemble prés de 2 500 membres. Elle a pour vocation de faire connaître les évènements francophones qui se tiennent dans les Amériques et les Caraïbes : conférences, expositions, événements culturels, actualité littéraire, éducative ou artistique.
Elle a également pour but de démocratiser l’accès à des programmes ouverts aux francophones : appel à conférences, ouverture de programmes doctoraux dans l’enseignement supérieur, offres d’emploi dans le domaine de l’éducation, ressources numériques pour se préparer aux concours DELF et DALF, concours ouverts aux élèves et aux écrivains francophones, festivals, ou encore cours en ligne ouverts et massifs. Elle permet donc de mieux faire connaître les institutions et les personnes qui œuvrent dans cet espace pour faire vivre la francophonie dans sa pluralité.
Il y a une histoire singulière entre les Amériques et la francophonie de par l’existence des institutions, associations et personnes : la représentation permanente de l’Organisation internationale de la francophonie à New York, l’Agence universitaire de la francophonie, les Instituts français, les Alliances françaises, les centres francophones, les centres de formation, les musées engagés dans le soutien des artistes francophones.
Nombreux et nombreuses sont les hommes et les femmes, enracinés dans des territoires pluriels, qui transmettent et transforment un patrimoine linguistique, culturel et artistique pluriel. Les langues s’entrechoquent et se frottent entre elles : l’acadien, le acadien, le créole guadeloupéen, le créole guyanais…
Dans chaque ville, presque dans chaque village, dans les salles de classe, les bibliothèques, les salles d’exposition, les restaurants… Dans tous ces lieux, les histoires se vivent, les paysages des Amériques et des Caraïbes sont témoins et marqués par ces voix francophones.
Certes, la francophonie se vit au Québec, à la Nouvelle Orléans, dans les Caraïbes, mais aussi par les expatriés francophones sur le territoire, par les natifs d’une autre langue qui enseignent le français dans les écoles alors que cette langue n’est pas leur langue maternelle.
Leur donner la parole, c’est à la fois leur rendre hommage, mais aussi rendre compte de la pluralité des visages, de leur rapport à la langue française, un rapport brut, passionné et rationnel, volcanique et distancié. La langue française est une langue rythmée par les accents et les tentatives d’insoumission, une langue qui se réinvente et se rhizome, c’est la langue à laquelle on résiste ou on succombe, c’est la “langue de la vitalité », comme le disait Michaelle Jean, secrétaire générale de l’OIF. C’est la langue de l’exil et des souvenirs d’enfance, des révoltes et des espoirs, des idées et des émotions. C’est la langue que l’on utilise « là où se termine la terre », pour reprendre les mots de Désirée et Alain Frappier.
Le français des Amériques et des Caraïbes, c’est le français de Césaire, de Glissant, de Romain, de Le Clézio et de Williams, mais aussi celui des animateurs de radios qui font crépiter les ondes de Radio Paris-La Paz, ou de Radio Jeunesse Louisiane. Le français des Amériques, il sent les épices, les arbres fromagers, la pluie amazonienne, le jazz tropicante de Bogota, l’intranquilité de l’exil, la perte de la langue dans la ville et les grands espaces, la langue de l’innovation, de la création, et de la modernité, du rêve et de la contemplation, et du désir ardent de dire l’indicible. Dans les Amériques, chaque francophone a son histoire.
C’est sous le double patronage de Didier Oillo, ancien directeur scientifique de l’Agence universitaire francophone qui rappelle le lien particulier entre l’AUF et les Amériques, et de Suzanne Dracius, écrivaine martiniquaise engagée, volcanique et poétique, que cet article tentera de rendre hommage à tous ceux et celles qui apprennent le français ou l’enseignent, qui le font vivre là où ils sont, par leur art, leur volonté d’apprendre et de faire apprendre cette langue protéiforme, rhizomique, tentaculaire, insondable et plurielle.
Fabrice Fresse
ÉvalUE – Évaluateurs et experts de l’Union européenne,
Visiting International Faculty,
Expert at the Task Force for Teachers 2030 at the UNESCO
Avec la participation de :
Didier Oillo, ancien directeur scientifique de l’Agence universitaire de la francophonie..
Suzanne Dracius, écrivaine (Martinique).
En co-écriture avec :
Laïna Blemand, assistante de prévention et de sécurité au rectorat (Guyane).
Linite Adma De Oliveira, professeure de français (Brésil).
Anna Alexis Michel, auteur(e), dramaturge, artiste plurielle (États-Unis).
Jessye Julan, auteure (Antilles françaises).
Sergio Rodrìguez Sánchez, étudiant en philologie (Colombie).
Jérémie Ruellan, conseiller à la programmation du Centre de la francophonie des Amériques (Canada).
Patricia Trinquet, France / Trois-Rivières, capitaine de sa propre école (Canada).
María Agustina Varas Mestre, professeure de français (Argentine).
L’Agence universitaire de la francophonie :
une histoire toujours en marche
par Didier Oillo, ancien directeur scientifique de l’Agence universitaire francophone
“Il s’agira, […] pour faire de la Francophonie le modèle et le moteur
de la Civilisation de l’Universel, de favoriser les échanges d’idées
en respectant la personnalité originaire et originale de chaque nation.”
Léopold Sédar Senghor,”Ce que je crois”.
Contrairement à ce qu’une majorité de francophones pense, la francophonie universitaire est née en Amérique du Nord, au Québec. Ce qui est aujourd’hui l’Agence universitaire de la francophonie a été créé le 13 septembre 1961 à Montréal dans un contexte intellectuel et politique signifiant au moment où, d’une part, les anciens pays colonisés d’Afrique accédaient à leur indépendance politique et, d’autre part, le Québec aspirait à la sienne. Cette création est l’œuvre de deux visionnaires québécois, Jean-Marc Léger, journaliste à La Presse, et André Bacchand, directeur des relations extérieures de l’université de Montréal. Ce sont eux qui lancent, dès 1959, l’idée de créer une organisation internationale permettant d’établir un lien entre les universités utilisant la langue française comme langue d’apprentissage.
Ce qui, au départ, n’est que l’idée d’une solidarité universitaire francophone ouverte, va peu à peu s’imposer comme une évidence pour les quelques trente-cinq universités qui participent à l’Assemblée constituante à l’invitation de Mgr Irénée Lussier, recteur de l’université de Montréal. C’est lors de cette réunion majeure pour ce qui deviendra dix ans après la Francophonie qu’est créée l’Association des universités partiellement et entièrement de langue française, l’AUPELF. Un espace de coopération inter-universitaire ouvert au dialogue des cultures est né. L’introduction de l’adverbe « partiellement » permet d’accueillir des universités non-exclusivement francophones en évitant ainsi des clivages pressentis par les fondateurs.
Il s’agit de dépasser la relation Nord-Sud, qui primait à la fin des colonisations, en organisant une coopération originale entre les universités dont la langue d’enseignement et de recherche était le français avec pour objectif la coopération et, comme moyen, la solidarité. Solidarité d’abord entre les universités des pays du Nord mais aussi et surtout solidarité au profit des universités qu’allaient créer les pays devenus récemment indépendants ou en cours d’accès à l’indépendance.
En créant l’AUPELF, il s’agissait de résoudre les premières difficultés que rencontraient ces jeunes universités du Sud, à savoir : le manque d’enseignants et de chercheurs de haut niveau, l’absence de tradition universitaire et la faiblesse de leur gouvernance.
La construction de cette association s’inscrivait, dès l’origine de son idée, dans la perspective d’un nouvel ordre mondial fondé sur le partage et la solidarité. Le principe de cette action de programme repose sur une coopération tripartite exemplaire : les nouvelles universités, auxquelles il manquait des enseignants qualifiés, peuvent faire appel à des enseignants venant d’universités plus riches, en soumettant leurs demandes médiatisées par l’AUPELF. C’est ainsi que cette dernière s’organise en bureaux régionaux afin de répondre au mieux aux besoins. C’est en 1974, pour être plus efficace sur le terrain, qu’est créé à Dakar et inauguré par le président Léopold Sédar Senghor le premier bureau régional implanté dans une université du Sud, après celui de Paris 1966), le “bureau africain” de l’AUPELF.
La logique de solidarité ainsi engagée allait de pair avec les efforts des politiques nationales et des actions de coopération bilatérales qui portaient sur la mise en place des infrastructures et une assistance en personnels enseignants et administratifs. À cette solidarité – assistance pour aider ces nouvelles universités à se bâtir, à se consolider et à s’engager dans le développement – l’AUPELF apportait déjà une touche différente de la coopération traditionnelle des États ; elle reposait sur le militantisme de ses créateurs, de ses premiers agents, des enseignants, des chercheurs et des cadres administratifs des universités membres qui s’impliquaient alors dans ses actions, mais aussi sur sa diversité originaire. Il s’agissait d’une forme de solidarité active et responsable, d’une solidarité participative.
À la fin des années 80, devant une crise majeure et multiforme des universités du Sud due pour grande partie au manque de moyens imposé par les ajustements culturels, les besoins de coopération deviennent non seulement plus importants, mais encore plus ciblés. Besoins toujours importants d’échanges d’enseignants et de compétences, mais également besoins de renforcer la recherche pour répondre aux problèmes que rencontrent les nouveaux États, besoins aussi d’accéder en temps réel à l’information scientifique disponible, besoins enfin de conforter l’excellence pour essayer d’enrayer la fuite des cerveaux.
C’est aussi la période où les paradigmes majeurs en matière de coopération évoluent. On parle désormais de transfert de technologie, mais aussi de développement endogène et concerté, de régionalisation. Il s’agit maintenant d’accompagner par la formation et la recherche le renforcement des capacités scientifiques et universitaires dont avaient besoin les nouveaux pays indépendants. Concomitamment, et devant l’ampleur des besoins, un nouveau type de solidarité prend corps avec la naissance des réseaux transversaux d’acteurs engagés. L’AUPELF devient un réseau de réseau, le premier réseau est celui constitué par l’association, puis se créée un réseau de facultés de départements d’études françaises, et enfin un réseau de chercheurs œuvrant dans des thématiques fondamentales pour le développement. Les médecins, les économistes, les agronomes, les linguistes….
Il devient alors urgent d’institutionnaliser ce maillage pour renforcer des liens et asseoir des échanges d’expertises entre facultés, entre départements et entre chercheurs. C’est en 1987 que naît l’UREF, l’université des réseaux d’expression française. Elle trouve toute sa puissance lors de l’Assemblée générale de l’AUPELF en 1990. Elle se dote d’une structure de gouvernance et opérationnelle dirigée par un recteur.
L’AUPELF a alors les moyens de fédérer les efforts, de lutter par la solidarité contre l’exclusion, contre l’isolement, contre les fractures en renforçant la dynamique de réseau : réseaux de chercheurs, réseaux d’institutions et, ensuite, réseaux d’information et de savoirs. Sa nature associative est ainsi renforcée par cette dimension d’agence qui prend la mesure des changements des modes opératoires qui régissent le monde d’aujourd’hui et qui donnent encore plus de sens et de force à sa logique d’action.
En devenant, dès 1993, l’opérateur de la francophonie pour l’enseignement supérieur et la recherche, l’AUPELF_UREF va connaître une forte croissance de ses moyens financiers avec les appuis des États et gouvernements francophones bailleurs.
C’est aussi à la même période que se mettent en place de nombreux programmes pour tenter de réduire les fractures scientifiques à partir de la dynamique associative, comme, par exemple, les instituts de la francophonie, les campus numériques francophones, les formations ouvertes et à distance, les laboratoires associés, les jeunes équipes de recherche.
L’embryon de l’Agence universitaire de la francophonie est en gestation. C’est au début des années 2000 que l’appellation est stabilisée et l’Agence reconnue par ses partenaires et ses bailleurs.
Inscrite à la fois dans son histoire et abordant de manière responsable son avenir, l’AUF d’aujourd’hui s’est fixée trois grands défis :
– la qualité de la formation, de la recherche et de la gouvernance ;
– l’employabilité et l’insertion professionnelle des diplômés ;
– le renforcement du rôle de l’université comme agent du développement global et local.
Il s’agit de moderniser, d’améliorer la gouvernance et les outils de fonctionnement en prenant en compte le concept fondamental de qualité. Parce qu’elles sont de plus en plus gouvernées comme des entreprises modernes, les universités doivent améliorer leurs procédures et leurs outils de gouvernance académique, administrative, financière et sociale pour permettre à leurs dirigeants d’anticiper le futur en inscrivant leurs stratégies dans des politiques d’assurance-qualité ou de s’inscrire dans les classements internationaux. C’est de cette qualité que se renforcera le premier de ses services que doit apporter l’université à ses usagers, la professionnalisation et l’employabilité.
Le nouveau modèle de l’enseignement supérieur que cherche à réaliser l’AUF n’aura d’avenir que s’il continue à établir des ponts et, non des murs, entre les universités, mais aussi avec l’ensemble de la société, que s’il invite à la connaissance et à la nécessaire diversité culturelle et linguistique, que s’il devient un acteur majeur du développement et de son environnement, que s’il s’oriente plus encore vers la professionnalisation, que s’il est au carrefour des passés, des présents et de l’avenir.
Enfin, dans un monde où il n’y a plus un seul modèle universitaire, mais plusieurs, il importe de redonner du sens à la coopération scientifique en la fondant sur l’objectif premier des universités, à savoir : accompagner le développement des pays et des régions d’une manière plus responsable. Désormais, toutes les universités ont à répondre, d’une manière ou d’une autre, à la question du développement et donc de leurs propres impact et imputabilité.
Suzanne Dracius, « Sentir le vent dans sa chevelure »,
extrait de “Scripta Manent”
Au nez et aux barbes barbares des obscurantistes de tout poil,
incantatoire et propitiatoire :
Elle a le droit d’aller
à l’école,
elle a le droit d’obtenir une bourse même si elle n’est plus vierge,
en Afrique du Sud et partout, dans le monde entier,
de ne pas subir un mariage
forcé
sous la loi d’un seigneur et maître
– saigneur et maître –,
de ne pas être excisée,
de ne pas être infibulée,
de ne pas être mutilée,
de ne pas avoir le visage tailladé au rasoir
par un mari de contrainte qui fut naguère son violeur,
de ne pas être défigurée à l’acide
soi-disant pour laver l’honneur de sa famille
ou sous le fallacieux prétexte qu’elle était « mal voilée »,
ou qu’elle portait atteinte à la virilité
de son seigneur et maître saigneur et maître
parce qu’elle voulait divorcer pour ne plus être rossée ni enfermée,
de ne pas avoir la gorge tranchée sous les yeux
de ses enfants par un homme dont elle ne veut plus,
contrainte ensuite de donner au bourreau des nouvelles
d’une progéniture éperdue,
de ne pas être violée ni pendue,
de ne pas être vendue
moins cher qu’un dromadaire,
de ne pas être battue,
de ne pas être exposée dans une cage,
nul n’a le droit d’examiner sa denture,
de tâter la fermeté et la courbure
de ses seins et de son arrière-train,
aucun quidam n’a le droit de lui mettre la main aux fesses,
elle a le droit de ne pas être déshumanisée,
de ne pas être brûlée vive parce qu’elle refuse son corps,
ni soumise, ni convertie de force
ni réduite en esclavage,
de ne pas être enlevée
ni droguée ni forcée
à guerroyer
en des guerres qui ne sont pas les siennes,
enfant-soldat à son petit corps défendant,
elle a le droit de disposer de son corps,
son ventre n’appartient à personne,
elle a le droit de ne pas tomber
entre les mains de faiseuses d’anges,
elle a le droit d’ouvrir un compte en banque,
toute seule comme une grande,
elle a le droit de travailler sans
l’autorisation de son seigneur et maître
– saigneur et maître – »
Le français en transmission
par María Agustina Varas Mestre–San Juan, Argentine
« Ma patrie, c´est la langue française », Albert Camus.
J´ai commencé à étudier le français en 2015 à l´Alliance française de San Juan. Actuellement, je finis ma troisième année. J´ai passé l´examen DELF A2 et en décembre 2017, j´ai passé l´examen DELF B1.
J´ai une belle histoire avec le français. Ma mère est professeur de français. Elle est retraitée. Quand j´étais petite, elle me parlait en français, et elle m’enseignait des poèmes, des chansons en français.
Ma relation avec la francophonie et les pays francophones, je la vis au travers d’Internet. Je partage des chansons, et je dialogue avec des personnes françaises et de pays francophones, notamment avec des personnes qui enseignent le français langue étrangère.
Je rêve d’une promotion significative de la langue française dans les écoles d´Argentine. Seulement quelques écoles intègrent la langue française dans leur programme d´études.
En ce qui me concerne, j´enseigne le français à des enfants qui proviennent des familles aux ressources limitées. J´espère partager des expériences avec des autres pays.
Pour moi, être francophone dans les Amériques, c’est une expérience enrichissante.
La promotion de la langue française en programmes d´études en Argentine, est très limitée. Seulement quelques écoles enseignent de la langue française.
Améliorer le monde en apprenant le français
par Sergio Rodriguez-Sanchez, Bogotá, Colombie
« Fais de ta vie un rêve et d’un rêve une réalité. »
Je me suis inscrit à la filière de philologie française à l’Université nationale en 2012. Au début, je n’étais pas trop convaincu par l’idée de poursuivre ces études, mais au fur et à mesure que j’en connaissais plus sur la langue et la culture francophone, je finissais par aimer ce que j’en faisais.
Les cours de langue, les devoirs, les livres, les films, tout avait du charme pour moi.
Après, je suis allé à Toulouse, France, j’ai fait un échange académique de 6 mois. Là, j’ai connu des gens intéressants et j’ai amélioré mon niveau de français.
Actuellement je finis la filière et je rêve de retourner en France au moyen d’une bourse en septembre prochain. En tant que francophone, je rêve de pouvoir utiliser le français comme moyen pour contribuer à l’amélioration de la société. Un domaine possible d’y parvenir est de l’enseigner, un autre est de travailler dans une ONG
Pour moi être francophone dans les Amériques, c’est partager ce que j’ai appris du français, et grâce au français, afin que les autres puissent en tirer de l’intérêt et des bénéfices.
Je souhaite démentir l’idée selon laquelle l’anglais est la seule langue qu’on devrait apprendre et promouvoir des facilités pour que les gens intéressés par l’apprentissage du français puissent faire des immersions linguistiques et apprendre la diversité que cette langue abrite.
La passion du plurilinguisme,
la découverte du monde
par Jessye Julan, Antilles françaises (JBW nom d’auteur)
Je pense que la francophonie touche chacun d’une manière qui lui est propre et surtout à son échelle ; et qu’au final, ce qui importe le plus est l’amour, l’intérêt et la qualité du partage autour de la francophonie.
Franco-antillaise, née en France métropolitaine, vivant aux Antilles françaises, parler français était comme mes yeux, ma bouche, mes mains ou autres : normal.
Le mois de juin 2014 a été un réel tournant dans ma vie. Ma participation au forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques m’a poussée à m’interroger sur ma francophonie, celle de mes proches, de mon entourage, de mon île. Ce forum a été l’occasion de découvrir, pour une francophone originaire de France, le caractère fabuleux et rassembleur que représente la langue française. Sans oublier le partage de cette expérience fabuleuse avec des personnes, venant de part et d’autre du continent américain, devenus des amis.
Le français faisait déjà partie de ma vie de manière intégrante avant ma participation : dans ma profession (professeur de lettres histoire), dans mes loisirs (lecture, écriture) et donc grâce au forum un tout autre volet de ma francophonie a été ouvert. Et donc, je prends désormais plaisir à écrire ce nouveau volet.
Pour moi être francophone dans les Amériques, c’est faire la différence. Car pour la plupart d’entre nous, cela nous rend bilingue, trilingue, voir polyglotte ! Selon moi, avoir la capacité d’exprimer son ressenti à travers plusieurs langues est apporter aux autres une expérience multiculturelle.
Justifier constamment, voire même prêcher les bienfaits de parler la langue française est le principal défi que je rencontre en tant que francophone dans les Antilles, même françaises. Je n’hésite pas à faire connaître et à partager mon expérience de jeune ambassadrice de la francophonie, notamment avec mes élèves. Ces derniers sont toujours très surpris de découvrir que la langue, qu’ils n’affectionnent guère, peut-être une passion pour des Brésiliens, Canadiens ou Dominicains. C’est donc avec le plus grand plaisir que je les initie à la francophonie et à la francophilie. D’ailleurs, une de mes classes de première a même participé à une vidéo pour ma candidature en tant que chef de famille au dernier forum.
Aujourd’hui, je saisis chaque occasion et sollicitation de parler de ma francophonie, et ce notamment dans l’écriture. Effectivement, lors du dernier forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques, organisé à l’UDEM (Montréal), nous avons pu rencontrer un auteur québécois, très inspirant, David Goudreault. Et j’ai eu la chance d’échanger avec lui, de partager un peu de prose, de vers. Il m’a fait l’immense honneur de lire quelques lignes que j’avais écrites, lors de notre rencontre. Ce fut un moment magique et, pour moi, la signification même d’être riche de sa francophonie !
Être ambassadeur d’une francophonie plurielle
par Jérémie Ruellan, Québec
“Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre”,
Aimé Césaire.
Le français m’a accompagné pendant mon baccalauréat littéraire à Paris et ce jusqu’en classe préparatoire littéraire (hypokhâgne et khâgne). J’en ai redécouvert depuis de multiples facettes en m’installant au Québec et en m’ouvrant en particulier à la francophonie canadienne puis à celle des Amériques.
Après une maîtrise en science politique à l’université Laval (Québec), j’ai commencé à travailler au Centre de la francophonie des Amériques. Le Centre est un organisme fondé en 2008 par le gouvernement du Québec qui a pour mission de contribuer, dans les Amériques, à la promotion et à la mise en valeur d’une francophonie porteuse d’avenir pour la langue française dans le contexte de la diversité culturelle.
Travailler au service des Amériques me permet d’en apprendre plus sur l’histoire des communautés francophones et francophiles du Canada, des États-Unis et de tous les pays d’Amérique centrale et du Sud. C’est une découverte quotidienne de l’histoire du français sur ce continent, de la diversité de ses accents et de la richesse des liens qui nous unissent.
La francophonie des Amériques mérite de se faire connaître au delà de son lien historique avec Québec. Elle vit ailleurs : du Nouveau-Brunswick jusqu’en Colombie Britannique en descendant par les États-Unis jusqu’au Cap Horn. Elle vit également dans les nombreux ouvrages d’auteurs francophones des Amériques comme Serge Bouchard, Denys Delâge ou encore Dany Laferrière, l’un des plus connus, et des auteurs de la jeune génération comme Juliana Léveillé-Trudel.
J’appelle ainsi de mes vœux à une meilleure compréhension des enjeux de la francophonie des Amériques dans le monde. Si cette dernière doit continuer son travail d’ouverture vers le monde, la francophonie tourne encore trop, dans l’imaginaire collectif, autour de la France et du continent africain.
Embrasser l’espoir de rassembler les francophones
autour d’une langue et autour du théâtre
par Anna Alexis Michel, auteur(e), dramaturge, artiste plurielle (Miami Beach, États-Unis)
Je citerai Marguerite Yourcenar, nous avons en commun d’être nées à Bruxelles, d’écrire en français et d’être Américaines d’adoption, et en particulier cette phrase que je fais mienne :
« Le véritable lieu de naissance est celui où l’on a porté pour la première fois
un coup d’œil intelligent sur soi-même : mes premières patries ont été les livres. »
Marguerite Yourcenar, “Mémoires d’Hadrien”.
Le français est ma langue maternelle, et paternelle. Elle est celle de mes parents et de mes grands-parents. Née à Bruxelles, d’origine franco-britannique, j’appartenais à ce qu’on appellera plus tard la Communauté française de Belgique. Dans mon univers, il n’existait pas d’autre langue que le français. Mon grand-père paternel se proclamait le Napoléon des affaires, et il vouait à l’empereur un culte indéfectible. C’est à cause des Anglais, de la perfide Albion, que l’empereur avait perdu à Waterloo, que nous étions des Français, exilés, survivants en terre devenue étrangère.
Heureusement, il restait la langue dans laquelle, toute petite déjà, j’écrivais des poèmes. La France était la mère nourricière, culturelle, la patrie de l’élégance et du bon goût. Dès la fin des classes, nous traversions la France, nous arrêtant pour visiter églises et musées, avec la certitude que chaque village était le plus beau du monde, et les villes et villages sur la route portaient les noms des vins des grandes occasions des jours de fêtes, meursault, saint-émilion, et il y avait, pour nous accueillir, les feux d’artifice du quatorze juillet tout le long de la route.
Aux Ursulines, où j’ai suivi ma scolarité à Bruxelles, j’ai appris, bien plus tard, qu’il y avait aussi une section pour les petites Flamandes, mais elles avaient leurs propres classes et leurs horaires à elles. Nous ne nous croisions jamais, je crois que j’ai longtemps été jusqu’à ne pas soupçonner leur existence
J’ai du mal à utiliser le mot « francophone », parce que pour les Français de France, ce pays dont je porte la culture et dans lequel j’ai longtemps résidé, francophone, c’est ce qui n’est pas français tout en parlant la langue.
Il semble qu’il y aurait, pour la majorité d’entre eux, deux types de locuteurs de langue française, les Français, et les autres : les francophones, avec dans le mot quand il sort de leur bouche une espèce de connotation sympathique et gentille qu’on a pour des cousins un peu niais, mal dégrossis qu’on se sent obligés d’inviter au repas de famille mais dont on sait, ou l’on croit savoir, par avance qu’ils vous gêneront par leurs manières d’un ailleurs qui n’est pas le vôtre.
Peut-être que cela ne fait écho qu’à ma propre histoire puisqu’il m’est arrivé qu’on me dise « Oh, mais que vous parlez bien français ! » quand on découvre que je suis née à Bruxelles. Mais oui, c’est ma langue première, mon aînée, ma majeure ! Et toutes les autres que je pratique, je les lui dois puisque c’est ma langue, le français, qui m’a permis d’accéder au savoir, d’apprendre le latin, le grec ancien, les bases de la linguistique, et de reconnaître, et connaître, ses langues distantes cousines, dont l’anglais qui est devenu mon second être. Ou redevenu, puisque j’ai appris récemment que je suis pour un quart britannique, n’en déplaise à mon grand-père, de là sans doute mon sens de l’humour et du second degré.
Alors, oui évidemment, je suis francophone, et je rejoins avec fierté toutes les organisations qui promeuvent la francophonie, mais dans ma vie, je préfère substituer au terme francophone, la locution suivante : « de langue française ».
Je suis une auteure (oui je mets un e, parfois, même si l’Académie française n’est pas encore d’accord) de langue française et, au-delà, me concernant, de culture française. J’ai parlé français en Europe, en Afrique et maintenant en Amérique. J’y écris en français, j’y monte et mets en scène des œuvres en français avec une troupe de langue française et finalement, peu importe la nationalité et le lieu, la plus grande richesse, c’est celle que nous portons en nous-mêmes.
Donc, oui, faisons un rêve, celui d’une langue riche et partagée par-delà les mers, les océans, les frontières, libérée de ses carcans hexagones et académiques, et politiques, qui réinventerait le concept de Francophonie de manière inclusive. Et fière
Pour moi être francophone dans les Amériques, c’est… naturel. Je vis à Miami Beach, en Floride. Il a existé, il y a très longtemps et très brièvement une Floride française, plus au nord, très rapidement décimée par les moustiques, les Espagnols et les Indiens, dans l’ordre ou le désordre.
Aujourd’hui, il y a une nouvelle Floride de langue française, ou francophone si vous préférez, vibrante, composée d’une énorme population canadienne, et haïtienne aussi, rejointes par chaque jour davantage de français, de plus en plus, et par quelques suisses et belges également.
La communauté se structure, a ses écoles, ses associations, sa culture, son festival du film, ses spectacles, ses télévisions locales, ses journaux. Il y a, dans ces rencontres que l’on fait entre nous, un peu de l’esprit pionnier, on procède par essais et erreurs, et parce que c’est l’Amérique, les erreurs n’existent pas, ce sont des ajustements, des apprentissages, pour mieux faire la prochaine fois.
En ce qui concerne la francophonie des Amériques, il n’y a qu’un défi : celui de réunir par la langue des communautés d’origines géographiques et ethniques différentes. Mon défi, réunir dans une même salle, autour d’un même texte, peu importe qu’il soit lecture de poème, de lettres d’amour, pièce de théâtre ou conférence, des gens du Québec, de Haïti, de France, de Suisse, de Belgique, ou d’autres pays francophones. De la Belgique, j’ai retenu sa devise : l’Union fait la force.
L’héritage familial de l’amour des lettres et des livres
au service de la jeunesse et de l’innovation
par Laïna Blemand, Pointe-à-Pitre, Matoury
« La francophonie, c’est un vaste pays sans frontière,
c’est celui de la langue française,
c’est le pays invisible, spirituel, mental, moral qui est en chacun de vous »,
Gilles Vigneault.
La langue française est ma langue première. Mon père, étant un homme de lettres, m’a appris dès mon plus jeune âge, à me familiariser avec la langue standard. Dans ma construction psycho-sociale, le monde du livre et de la culture littéraire a été inscrit dans ma représentation des différentes cultures.
Je vis une réelle passion pour la francophonie depuis ma participation à la première édition du Parlement francophone des jeunes des Amériques de 2014, de l’Assemblée parlementaire de l’Ontario à Toronto. Elle s’est d’ailleurs amplifiée après ma participation à la deuxième édition du Forum mondial de la langue française en 2015, à Liège.
Je rêve d’une francophonie démocratique et accessible à tous. Pour moi, être francophone dans les Amériques, c’est prendre conscience de son identité francophone et la partager dans son milieu.
Je souhaite que la Francophonie des Amériques soit plus innovante que créative et que celle-ci soit ancrée dans les pratiques de la jeunesse de Guyane.
Le français comme langue étrangère, c´est pas étrange,
c´est un pont pour traverser nos préjugés
et apprendre avec le différent
par Linite Adma De Oliveira, Piraí do Sul, Ponta Grossa, Paraná, Brésil
J´ai appris à parler français à la fac de Lettres (portugais et français) pendant cinq ans. J´étudiais chez moi et je faisais mes devoirs. Je réécoutais les cassettes du manuel Tempo en1999… On n’avait pas encore l´Internet chez nous.
En 2000, j´ai créé ma première adresse mail. J´écoutais aussi des chansons françaises sur des cassettes comme une façon d´étudier. Je suis rentrée à la fac pour étudier l’anglais comme langue étrangère. Un jour, je suis passée devant une salle de classe et quelqu´un lisait le texte d´une revue à haute voix. Je me suis arrêtée et j´ai demandé aux étudiants: c´est quoi cette langue ? C´est le français. Il a continué de lire un peu plus de ce texte pour moi. En troisième année de fac, je pouvais changer de langue étrangère. Comme j´étudiais l´anglais dans un cours privé, j´ai essayé d´apprendre un peu de français. Et bah, je ne me suis jamais arrêtée d´étudier cette langue-là jusqu´à aujourd´hui.
Quand je me sentais un peu triste, j´allais à la bibliothèque de maman pour étudier le français sur mes cahiers et tout. Ça me faisait du bien les dimanches, car pendant la semaine, je n’avais pas trop de temps pour étudier à cause de mon travail comme institutrice.
Mon premier contact avec le français, langue parlée, c´était quand, à l’âge de DIX ans, j´apprenais le tricot avec une française qui habitait dans la ville où ma maman habitait. Elle s’appelait “Madame Suzanne”. Elle racontait les points du tricot en français. À l´époque, il m’était difficile de mémoriser. Maintenant, je vois que le français a beaucoup d´influence sur notre vie au Brésil. Il y a des chansons que j´écoutais en portugais, quand mon papa et ma maman allumaient la radio avant d’aller faire l´agriculture. C’était des chansons françaises chantées par des chanteurs brésiliens en portugais. Beaucoup de mots de notre langue sont venus du français
J’ai connu des gens provenant de beaucoup de pays francophones quand j´étais en stage en France et à Québec. On est tous là pour améliorer notre didactique en français langue étrangère, mais j´apprenais avec mes collègues sur leurs cultures et leurs langues maternelles.
Mon rêve, c´est d’être toujours avec les gens en apprenant ce qu’ils ont de mieux en eux pour me connaître plus et apprendre à respecter encore plus les autres. Faire un tour du monde francophone serait pas mal !
De comptable aux salons de coiffures
à l’engagement dans l’enseignement du français,
langue de la citoyenneté mondiale
par Patricia Trinquet, France, Trois-Rivières, province du Québec au Canada
Mon histoire avec le nouveau continent et les multiples rencontres. J’ai atterri à Montréal l’été 1993, traversée la belle province du Nord au Sud et d’Ouest en Est à la découverte du Bas Saint-Laurent, de la Maurice, de Gatineau et la Baie James. À Paris, j’étais comptable. Je suis désormais directrice de ma propre école de langues spécialisée dans l’enseignement du français humanitaire pour Médecins sans frontières.
Mes parcours académiques en France et au Canada ainsi que mes diverses expériences professionnelles dans le monde des affaires et de l’enseignement m’ont permis de développer un savoir-faire unique en pédagogie langue étrangère. Entre-temps, j’étais gérante à Montréal et Toronto des salons de coiffure « Coupe Bizzarre » – ce n’est pas une faute le nom commercial a bien deux z ! Ma vocation professorale est née en 2001 en lisant la revue Le français dans le monde.
Pendant dix ans, j’ai travaillé pour l’école de langue française de Trois-Pistoles en tant qu’animatrice multimédia et professeur de français langue seconde. J’enseignais le cours communication professionnelle et français intensif des affaires. En octobre 2005, j’ai obtenu le diplôme de didactique de français sur objectif spécifique (DDIFOS) de la Chambre de commerce et d’Industrie de Paris. Celui-ci m’a permis d’enseigner à un niveau universitaire à des apprenants sur le marché du travail.
En 2007 je suis allée enseigner le français langue seconde pour la nation Crie de Chisasibi, située dans le territoire d’Eeyou Istchee dans le Nord-du-Québec. En 2008, j’ai obtenu de poste de directrice commerciale et développement des programmes de langues pour l’organisme de formation l’Académie des langues de Trois-Pistoles. J’ai conçu et animé des formations de professeurs de français langue seconde et étrangère. Nous avons échangé sur l’utilisation du Cadre européen commun de référence des langues. Nous avons développé une pédagogie actionnelle qui combine les documents authentiques et les méthodes de français Clé international.
J’ai développé et commercialisé des programmes de langues sur mesure, signé un partenariat avec Médecins sans frontières. Le programme le plus original est le français ecclésiastique pour des curés réfugiés publics de Colombie. Ce dont je suis le plus fière est d’être le capitaine de ma propre école : “Sur les Routes du Français” (siège social à Trois-Rivières au Québec)
Une de mes dernières réussites, certainement mon cheese-cake au foie gras servi avec un fleuve de sirop d’érable. Parfaite représentation de ce que je fais en Amérique du Nord. Marier la culture française avec la culture d’Amérique du Nord en ajoutant une spécificité de chaque province. Ces bouchées gastronomiques sont la parfaite combinaison de trois cultures, trois langues. J’ai fondé mon école, « Sur les Routes du français », avec pour objectif d’enseigner un français actionnel à des non-francophones qui travaillent dans des pays francophones. Par exemple Médecins sans frontières qui intervient en RDC, RCA, Niger, Tchad, Haïti, etc. Ces travailleurs humanitaires apprennent le français langue étrangère pour communiquer avec la population francophone. Les équipes MSF sont plurilingues et multiculturelles, elles sont formées d’expatriés d’Amérique du Nord, d’Amérique Latine, de l’Asie et de l’Europe. Le français devient leur langue commune de communication professionnelle et sociale. Tous les expatriés parlent plusieurs langues et ils ont en commun l’apprentissage de la langue française.
Cela permet à nos apprenants travaillant dans l’humanitaire de communiquer, soigner, transmettre et partager leur savoir-faire avec les populations locales. Le but des expatriés est de former les populations locales francophones en français pour permettre d’être relevé par elles sur le terrain, Médecins sans frontières veut développer l’autonomie des populations concernant sa propre prise en charge sanitaire. L’objectif est d’être fonctionnel en français ultra rapidement pour être capable d’agir en situation d’urgence.
Notre enseignement a pour éthique de reconnaître et de respecter la culture de l’apprenant et celle du pays cible. Il est primordial que les équipes parlent français. Nos stages de perfectionnement s’adressent à des professionnels, des adultes dans la vie active. La majorité de nos apprenants sont embauchés par Médecins sans frontières et s’apprêtent à partir en mission dans une région francophone ou pour le moins une région ou l’utilisation du français peut-être un atout de communication majeur. Une langue ne se traduit pas, elle se vit.
Nous pouvons enseigner une langue étrangère sans connaître la langue maternelle de l’apprenant mais il est nécessaire de comprendre les parallèles langagiers. Le défi majeur est de centrer l’enseignement des langues sur l’apprenant, de l’orienter sur les besoins de son futur environnement professionnel. C’est dans cette perspective que le contenu du programme est établi. Je suis toujours épatée de constater avec quelle rapidité nos apprenants progressent quotidiennement et nous avons à chaque fois le plaisir de célébrer ensemble l’objectif atteint en un temps record. Humour et réactivité sont bien évidemment deux éléments essentiels de notre réussite. En conclusion la langue française devient la langue commune des citoyens du Monde.
Invitations au voyage dans l’espace francophone
et explorations de la langue française
par Kai-shih Wang, Taiwan – New-York
Qui ne tente rien n’a rien.
À Taïwan, la France est perçue comme le centre de la culture occidentale et du raffinement. La langue française est associée au patrimoine historique, au romantisme, et à la culture sophistiquée. Quand j’étudiais à université, j’ai trouvé une école de langues à Taipei et j’ai commencé à prendre des cours de français une heure par jour, cinq jours par semaine, pendant un an. J’ai aussi commencé de voir tous les films francophones disponibles à Taïwan.
Après avoir décidé de venir aux États-Unis pour mes études, j’ai arrêté de prendre des cours de français. Vingt ans après, j’ai oublié presque tout le français que j’avais appris. L’hiver 2014-2015, un ami taïwanais est allé à Côte d’Azur pour vacances et a pris des cours intensifs de français. Il a partagé beaucoup de photos sur Facebook. J’étais jaloux. Je me disais, pourquoi ne pas faire un voyage pédagogique comme lui. Je me suis inscrit à une semaine de cours de français intensif à la ville de Québec et pour ne pas commencer à niveau débutant à Québec, j’ai commencé à reprendre des cours de français à New York en mai 2015.
L’apprentissage de la langue anglaise a ouvert un nouveau monde pour moi et j’aimerais répéter cette expérience avec la langue française. J’ai déjà visité beaucoup de pays et endroits francophones: le Québec, la Guadeloupe, le Laos, la Martinique, la France, et la Nouvelle Calédonie. Pour moi, connaitre la langue française est la première étape pour connaître un pays ou une ville en profondeur. La langue française me permet aussi d’échanger avec les habitants locaux.
L’accent français dans les endroits différents ne me dérange pas. C’est la beauté d’une langue vivante. Je viens de Taïwan donc les taïwanais parlent Mandarin avec l’accent différent.
J’aimerais visiter plus de pays francophones à l’avenir. Mon rêve est prendre ma retraite dans pays francophone.
Pour moi être francophone dans les Amériques, c’est une façon différente de penser. Comme l’anglais est tellement puissant et dominant dans le monde, j’apprécie d’avoir une façon différente de penser et d’avoir des perspectives différents
Heureusement j’habite à New York, il y a beaucoup de francophones et francophiles ici. C’est aussi facile de voir les films francophones au cinéma et de visiter les musées ou les galeries pour voir des expositions par des artistes francophones. Il y a aussi plusieurs de restaurants pour savourer la cuisine française. Grâce à l’internet, j’ai aussi accès aux télévisions et radio en français.
*
La page Facebook de
La francophonie dans les Amériques
• Sur l’enseignement du français en Chine, voir sur ce site : Imaginer des éléphants, de Julien de Kerviler.