"Jersey Boys", la véritable histoire de quatre jeunes Italo-Américains : Frankie Valli et les Fours Seasons

Les "Jersey Boys" au Nouveau Théâtre de Milan © Michela Piccinini
“Jersey Boys” au Nouveau Théâtre de Milan en 2016 © Michela Piccinini

Jersey Boys raconte l’histoire vraie de jeunes Italo-Américains du New Jersey, issus de l’immigration. Ils feront tout leur possible pour sortir de leur quartier pauvre grâce à la musique, et leur succès traversera les années 50, 60 et 70 : c’est la véritable histoire du groupe les Four Seasons et de son chanteur Frankie Valli.
Ce spectacle peut ouvrir sur de nombreuses pistes pédagogiques : l’immigration italienne aux États-Unis, l’intégration, le melting-pot, la société américaine, l’American Way of Life et le rêve américain, la musique américaine des années 50, 60 et 70, la production musicale et l’industrie du disque, le monologue dans le théâtre contemporain, l’orchestration d’un spectacle musical, la comédie musicale contemporaine et le genre du juke box musical, les valeurs de l’amitié.
Ce spectacle peut par ailleurs être exploité en cours de français, d’histoire, de civilisation américaine, d’anglais, d’italien, de musique et bien sûr de théâtre et d’arts appliqués, au collège, en lycée général et technologique, et en lycée professionnel.

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Quatre garçons italo-américains d’un quartier pauvre du New Jersey
deviennent des stars de la scène internationale

Les boulots précaires, les problèmes d’argent, la petite délinquance, les soucis avec la justice, les rapports avec la mafia, voilà le quotidien de ces jeunes fils d’Italiens poussés par le désir de s’en sortir et par l’amour de la musique. Le personnage de Tommy, fondateur du groupe, débute le spectacle par le prologue suivant :
Nous sommes des italiens, ici, dans le New Jersey. C’est sûr, il faut être fou pour vouloir vivre dans un État où ce qu’on peut rêver de mieux est d’avoir une maison avec vue sur la décharge, c’est donc normal de vouloir mieux. Il y avait trois moyens de s’en sortir : entrer dans l’armée, entrer dans la mafia, ou… devenir célèbre…
C’est par leur travail et leur persévérance dans l’adversité qu’ils vont réussir à former un groupe, les Four Seasons. Le spectacle nous fait traverser les étapes de leur rencontre, de leurs premiers essais dans la rue, de leurs échecs dans les bars, et de leur recherche d’un nouveau son, d’un nouveau style, qui les mènera au succès. Les déboires avec la mafia et la séparation du groupe pousseront Fankie Valli à entamer une carrière solo qui lui offrira un succès international grâce à la chanson Cant’ Take My Eyes off You.
 
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Les personnages

Frankie Valli : le protagoniste, chanteur du groupe qu’il mènera au succès grâce à sa voix particulière et exceptionnelle. Après une crise provoquée par les déboires de leader du groupe, Tommy De Vito, il entamera une carrière solo et monte toujours sur scène après le succès des Jersey Boys à Broadway.
Tommy De Vito : le fondateur et manager du groupe, le “grand frère”, très attaché à son quartier de Belleville. Petit délinquant proche du milieu, il provoquera la dissolution du groupe après avoir contracté des dettes auprès de la mafia à cause de son addiction aux jeux.
Bob Gaudio : auteur compositeur, musicien, il apportera au groupe ses premiers succès radiophoniques. Cultivé, il a les pieds sur terre, et pense à l’avenir, ce qui lui vaut deux surnoms : le “petit génie” (il a écrit son premier tube à quinze ans) et Bobby, l’”homme d’affaires” (car il finira par s’associer avec Frankie pour produire).
Nick Massi : le bassiste, qui a du mal à trouver sa place, finira par laisser tomber le groupe, l’alcool et les filles, pour se consacrer à sa vie de famille.
Bob Crewe : le producteur qui fera réellement débuter le groupe et qui lui écrira plusieurs tubes.
Gyp DeCarlo : un chef de la mafia du New Jersey qui s’est pris d’amitié pour Frankie et qui protège le groupe.
Mary Delgado : la première femme de Frankie, avec laquelle il aura trois filles. Elle sombrera dans l’alcool, ne supportant plus les absences de Frankie qui la contraignent à s’occuper seule des enfants, et finira par quitter son mari.
Francine : la troisième fille de Frankie Valli, a hérité de la voix exceptionnelle de son père et veut être chanteuse. Mais elle supporte difficilement les absences de celui-ci et ce manque de présence paternel la conduira à fuguer. Elle subira l’influence de dealers et succombera à une overdose.
Joe Pesci : jeune ami du groupe, lui aussi du New Jersey, petit délinquant associé à Tommy, il suivra la carrière du groupe et deviendra un acteur reconnu, qui remportera un Oscar; on le verra dans Les Affranchis, L’Arme fatale.
Lorraine : cette journaliste rencontre Frankie lors d’une interview. Ils vivront une belle histoire d’amour, mais elle ne supportera pas la vie d’artiste de Frankie, sans cesse en tournée, ni la place prépondérante qu’il accorde à ses amis. Elle le quittera elle aussi.
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Une narration à quatre voix

Le fil conducteur du spectacle repose sur une narration à quatre voix, dont s’empare tour à tour chaque protagoniste qui adresse aux spectateurs sa version de l’histoire. Ainsi, Tommy introduit ce dispositif de l’écriture dès son premier monologue : “Demandez à quatre garçons comment c’est arrivé, ils vous donneront quatre versions différentes.
Les monologues, qui racontent ces quatre versions selon le point de vue personnel de chacun des quatre membres du groupe, introduisent les scènes dialoguées qui évoquent les moments forts de la carrière du groupe et de la vie personnelle de ses membres.
Le choix d’une narration non linéaire est inspiré du cinéma : ce mode de narration trouve son inspiration dans deux films des années cinquante et soixante : ainsi Kurozawa construisit-il Rashomon en 1950 à partir du récit de deux témoins d’un crime, de celui du meurtrier et de celui du fantôme de la victime. Martin Ritt en réalisera le remake américain en respectant cette narration : L’Outrage, en 1964.
 

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Un parcours musical dans la culture américaine

Les chansons constituent un véritable parcours musical typique de la culture américaine : le groupe reprend à ses débuts les succès du moment, puis, après la rencontre avec l’auteur compositeur Bob Gaudio, produira son premier tube : Sherry, au moment où la télévision remplacera peu à peu la radio dans la diffusion, puis coup sur coup des chansons qui se hisseront en tête des classements : Big Girls Don’t Cry, puis Walk Like a Man.
Enfin, Frankie Vally, après le séparation du groupe, entamera une carrière solo avec l’un des standards de la chanson américaine, Can’t Take My Eyes Off You, repris par de nombreux artistes de la scène internationale, ou encore December, 1963 (Oh What a Night) dont Claude François fera un succès en France (Cette année-là).
Les chansons, la musique et le son des Four Seasons ont tenu une place importante dans l’évolution de la musique pop américaine de cette époque, en introduisant le doo-wop, le R&B et le rock and roll. Ce spectacle évoque comment la musique américaine a évolué avec la percée de la Grande-Bretagne dans le monde de la production musicale, en particulier avec les Beatles.
Ce spectacle illustre à travers la musique la question de l’immigration, le rêve américain, l’apparition de la société de consommation, ainsi que des sujets de société propres à la culture de cette époque : l’intégration, la réussite personnelle, l’explosion de l’industrie du disque, la jeunesse et la drogue, le rôle de la mafia.

Les "Jerseys Boys" à Milan en 2016 © Michela Piccinini
Les “Jerseys Boys” à Milan en 2016 © Michela Piccinini

 
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Un défi pour la version française

Le spectacle a remporté un succès pendant plus de dix ans à Broadway, puis à Londres. Il a été adapté au cinéma par Clint Eastwood. Il a ensuite été adapté en italien et a tourné pendant plus d’une année en Italie. La production italienne ayant également les droits pour la France, le choix a été fait de proposer l’adaptation en français, interprétée par ces mêmes comédiens italiens.
Il s’est imposé par l’osmose entre les quatre artistes protagonistes qui justifiait de reconduire le même casting pour la scène française, et également par le fait que les personnages s’inspiraient d’Italos-Américains dont le rapport avec la langue italienne demeurait étroit.
Le défi de la troupe a été d’apprendre la langue française pour pouvoir jouer la comédie en français, les chansons restant bien sûr interprétées en anglais. Cet apprentissage est passé par l’expérience du plateau, la confrontation des textes, la comparaison des deux langues, la reconnaissance des particularités grammaticales propre à chacune d’entre elles, l’identification des gallicismes, des registres de langage, et bien sûr par le travail de diction et de prononciation.
Au fur et à mesure de la découverte de la langue, les artistes ont fait évoluer leurs personnages en nuançant leur interprétation forcément colorée différemment par le phrasé et les sonorités du français. Ils ont aussi dans ce travail de recherche proposé leur analyse de l’adaptation dans une langue pour eux étrangère pour enrichir la traduction, que ce soit pour le choix du vocabulaire le plus proche des intentions des personnages, des registres de langage propre à chaque d’entre eux, ou le rythme des répliques et des scènes.

Thérèse De Paulis

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• Jersey Boys ! au théâtre Le Palace, 8, rue du Faubourg-Montmartre, 75009 Paris, métro Grands-Boulevards. Du mardi 14 février 2017 au 30 avril 2017 inclus, du jeudi au samedi à 20h30, le dimanche à 16 h. Durée 2 h 10 – avec un entracte après 1 h 10.
• Offre spéciale pour les classes de collège/lycée/université/écoles de théâtre et de musique à 10 euros. Réservations pour les enseignants et groupes scolaires par mail : recepovic@hotmail.com
• • Spectacle écrit par Marshall Brickman & Rick Elice, musique de Bob Gaudio, paroles de Bob Crewe, mise en scène de Claudio Insegno, production de Lorenzo Vitali.
Avec : Alex Mastromarino (Frankie Valli), Marco Stabile (Tommy DeVito), Flavio Gismondi (Bob Gaudio),Claudio Zanelli (Nick Massi), Brian Boccuni (Bob Crewe), Andrea Carli (Gyp De Carlo), Floriana Monici (Mary Delgado), Cira Marangi (Lorraine), Giusy Miccoli (La mère de Frankie), Rita Pilato (Francine), Pasquale Girone (Norman Waxman), Max Francese (Le DJ), Roberto Lai (le directeur des programmes), Giuseppe Orsillo (Le policier).

Famille napolitaine boulevard Saint-Germain à Paris en 1880 © Galerie Lumières des Roses, MHI
Famille napolitaine boulevard Saint-Germain à Paris en 1880 © Galerie Lumières des Roses, MHI

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Une exposition à prévoir à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, à Paris, du 28 mars au 10 septembre 2017 :
Ciao Italia. Un siècle d’immigration et de culture italiennes en France (1860-1960).

Thérèse De Paulis
Thérèse De Paulis

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