Inscriptions aux CAPES : retour aux chiffres de 2008
Les chiffres d’inscription aux différents concours d’enseignant 2017 ont été publiés officiellement la semaine dernière. Ils font apparaitre pour les Capes une augmentation globale de 4,7 % (dont 9 % pour le Capes de Lettres option Lettres modernes et 14 % pour l’option Lettres classiques).
Cette hausse confirme les augmentations des années passées, régulières depuis 2013. Ces inscriptions appellent quelques commentaires qui réfutent certaines idées reçues.
L’envie d’être prof…
D’abord le nombre de postes a un impact direct sur le nombre de candidats. La diminution spectaculaire du nombre de postes pour la période 2008-2012 avait entraîné une chute brutale des candidatures, reparties à la hausse depuis ce dernier quinquennat : l’envie d’être prof est bien une question d’accès à la profession plus encore que de condition d’exercice du métier.
Si l’image du métier, n’ayant guère changé en cinq ans, n’a pu remotiver les candidats, c’est bien la perspective de décrocher un concours reconnu et d’accéder ainsi au marché du travail qui a favorisé l’augmentation des candidatures.
Quoi que l’on pense du nombre de postes aux concours (coût, pertinence, niveau), son effet est incontestablement bénéfique pour l’attractivité du métier.
Le nombre global de bons candidats est en hausse
S’il est vrai que tous les postes ne sont pas pourvus depuis 2012, cela ne veut pas dire que le niveau des candidats est en baisse. 11 700 postes en 2011 pour près de 110 000 candidats, 26 288 postes pour 180 000 en 2016 : c’est, toute proportion gardée, le nombre global de bons candidats qui est en hausse. Le concours obtenu de justesse et presque avec clémence ne concerne qu’une marge négligeable par rapport à l’accroissement de reçus de qualité. On ne peut ainsi, compte tenu de leur nombre, soutenir que le niveau des enseignants est inquiétant à l’entrée dans le métier : il est stable et conforme à la constance de la qualité de préparation assurée par les universités et les Espé.
Enfin malgré un contexte médiatique peu favorable enclin à dramatiser les problèmes, au delà des représentations et des discours négatifs, des jeunes et des moins jeunes trouvent de l’intérêt à cette profession. Certes sa revalorisation connaît quelques frémissements, mais c’est surtout le sentiment intime d’aller vers un métier utile, intéressant, intellectuellement satisfaisant, tout autant qu’éprouvant et parfois épuisant qui décide ces nouveaux candidats. Ce n’est peut-être pas la vocation qui anime, c’est en tout cas une réflexion qui, pesant le pour et le contre, fait le choix d’un métier qui en vaut bien d’autres.
Une double attente :
une formation universitaire et une formation pédagogique
Concernant plus spécifiquement le Capes de Lettres, les modifications d’épreuves, la légère professionnalisation désormais sensible à l’oral n’ont pas dérangé les candidats. Il y a d’ailleurs une demande du côté de la formation pratique, une exigence même, qui traduit un double attachement : à la formation universitaire, strictement scientifique, à la formation pédagogique, ouverte à toutes les questions d’enseignement.
Parallèlement aux évolutions du concours, la réforme du collège n’a pas refroidi les candidats, et notamment les Lettres classiques, qui sans doute en ignorent les ruptures et ses effets concrets, mais n’en redoutent pas les principes et les objectifs tels que l’interdisciplinarité et la pédagogie du projet.
Ce qui peut encore arrêter les volontaires
Si l’information sur la carrière est peut-être un peu mieux diffusée, si la progression est peut-être un peu mieux maîtrisée, le métier connaît encore bien des aspects qui peuvent inquiéter et arrêter les volontaires. C’est en particulier les questions d’affectation et de mutation ou les questions de responsabilités.
Il faut progresser sur la mobilité, sur les modes d’encouragement à l’enseignement en zone prioritaire, sur l’égalité entre les académies, tout comme il faut qu’en toutes circonstances l’enseignant puisse compter sur le soutien et l’accompagnement de sa hiérarchie, qu’il s’agisse de son administration ou de son inspection.
Pour les uns, titulaires remplaçants, l’incertitude est trop longue; pour les autres, titulaires fixes, les parcours sont trop figés. Peut-être y aurait-il des pistes à ouvrir pour travailler sur le renouvellement de la carrière, qu’un professeur puisse connaitre tous les niveaux, collège comme lycée, ou exercer plus facilement dans diverses académies. De même, une meilleure information sur les risques, sur la protection juridique ou psychologique en cas de difficultés pourrait faire l’objet d’un encadrement plus étroit.
Pascal Caglar
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