Théorie et pratique du théâtre au XVIIe siècle : étude de la réception du personnage de Polyxène
Il est difficile de savoir si les auteurs de tragédies à sujet antique ont lu les textes antiques qui auraient pu leur servir de modèles – en particulier quand il s’agit de tragédies grecques, la majorité des hommes du XVIIe siècle ne connaissant pas assez cette langue pour y avoir accès autrement qu’en traduction latine. Les seuls documents qui puissent apporter des éléments de réponse, ce sont les pièces elles-mêmes, dans lesquelles on peut tenter de repérer les traces d’une lecture préalable des tragédies antiques. Cette enquête vaut la peine d’être menée, car elle soulève des enjeux essentiels pour la connaissance du siècle « classique ». En effet, la seule idée que nous ayons de la façon dont on lisait les textes antiques à cette époque est celle que l’on peut se faire à partir de ce qu’écrivent les théoriciens du théâtre classique, qui disent explicitement ce qu’ils pensent de telle ou telle tragédie d’Eschyle, de Sophocle, d’Euripide ou de Sénèque. Pourquoi les auteurs liraient-ils les textes antiques de la même façon que ces théoriciens dont on a montré qu’ils étaient au service de l’idéologie officielle et tendaient, par l’élaboration de leurs règles, à réduire l’impact politique du théâtre ? La question mérite d’être posée ; pour y répondre, cet article s’intéresse au personnage de Polyxène dans « Hécube », d’Euripide, adapté trois fois au cours du XVIIe siècle. Comment un théoricien jésuite, le père René Rapin, juge-t-il la représentation de cette jeune fille chez Euripide, et comment un dramaturge de la fin du XVIIe siècle, Antoine de La Fosse, traite-t-il ce personnage ?
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