Constituer une « culture par la lecture de textes de toutes sortes et principalement d’œuvres littéraires significatives », « former l’attention aux significations de ces œuvres », telles sont les principales finalités des programmes de français au lycée. Ces intentions sont-elles réalisables ? La question se pose plus spécifiquement à propos des œuvres romanesques du XVIIIe siècle : est-il possible d’en saisir l’« originalité » et les « significations » ? Si l’on compare ce genre à la poésie ou à la tragédie, considérées souvent comme les parents pauvres des programmes, le roman paraît mieux loti, mais cette impression mérite d’être nuancée pour le siècle des Lumières : en classe de seconde, le récit est bien présent, mais il exige une œuvre littéraire du XIXe ou du XXe siècle, plus accessible par la langue sans doute ; en première, le XVIIIe siècle est à l’honneur, mais le récit ne l’est plus. Pour mieux évaluer la place qui lui est faite, cet article s’appuie sur l’étude de manuels récents.