Faire naître le goût de l’écriture, c’est inciter les élèves à découvrir le sens de cette activité peu pratiquée avec plaisir, voire fuie par nombre de collégiens. Écrire revient à parler de soi, transcrire ses émotions avec les mots de son trouble, au rythme de son cœur : la langue utilisée n’est plus celle de l’école, mais la sienne. Pour obtenir l’acceptation des élèves, un atelier a besoin de temps : il doit s’inscrire dans la durée et se soustraire à la pression de la note. L’expérience décrite dans cet article a été vécue avec une classe de quatrième et s’est déroulée sur une quinzaine de semaines, à raison d’une séance d’une heure par semaine pour une moitié de classe, soit quatorze élèves. À l’initiative du professeur d’histoire qui étudiait les grandes affaires au cours des siècles, la classe est allée assister un après-midi à des procès en chambre correctionnelle au palais de Justice de Paris. L’objectif était que chaque élève donne naissance à un texte à l’issue de cette visite.