Ce roman présente la particularité d’être une novélisation, il se prête donc à une approche originale qui prend en compte le récit filmique et celui de la romancière. À première vue, on pourrait penser que le travail d’écriture se ramène à une simple transposition du scénario du film. Il n’en est rien – et c’est là l’intérêt de cette étude –, car le point de vue n’est pas le même. Au moment de sa sortie, le film a été présenté dans la presse comme une sorte de « western tibétain ». L’accent a été mis sur la lutte de chefs opposant le vieux Tinlé et le jeune Karma à propos du jour de départ de la caravane. Cette lutte partage le village entre tenants d’une sagesse spirituelle légendaire, incarnée par Tinlé, et partisans d’une attitude plus pragmatique, défendue par Karma, lequel ose braver l’interdiction de Tinlé et les oracles des chefs religieux, les lamas. Cet aspect se retrouve dans le roman, mais ce qu’Évelyne Brisou-Pellen privilégie dans l’histoire c’est « l’enfance d’un chef » : dès les premières lignes, les événements sont rapportés à travers le regard de Tséring, le petit-fils de Tinlé. À l’inverse, dans le film, le jeune garçon a un rôle finalement assez limité. Déroulement de la séquence : douze séances.