Nous sommes en 1943, une jeune agrégée de philosophie, spécialiste du roman américain, qui signe du nom de Claude-Edmonde Magny (un pseudonyme), décide d’adresser à un très jeune exilé espagnol, Jorge Semprun, qu’elle a rencontré quatre ans plus tôt dans les coulisses de la revue « Esprit », une « homélie », c’est ainsi qu’un ami commun désigne, avec humour, ses interminables épîtres. Lui a vingt ans, elle, dix de plus. Elle écrit déjà, lui, rêve de le faire. Avec bienveillance mais fermeté, elle rédige à son intention ce qui sera appelé par l’éditeur (la publication aura lieu pour la première fois en 1947 chez Seghers) « Lettre sur le pouvoir d’écrire ».