Chrétien de Troyes a particulièrement travaillé la composition de ses romans. Il est le premier auteur à avoir utilisé le terme « conjointure » dans le prologue d’« Érec et Énide » (v.14), pour se distinguer des simples conteurs, qui n’hésitaient pas à corrompre les récits, en les sacrifiant aux aléas de la récitation. Au contraire, l’art du véritable romancier consiste à assembler des éléments narratifs indépendants, pour les ordonner dans un ensemble signifiant, doué d’une unité profonde, d’une architecture secrète. Pourtant, à première lecture du « Chevalier de la charrette », on peut être surpris par le manque de cohérence apparent de la structure narrative. Un examen plus attentif de l’œuvre révélera cependant le soin apporté à l’architecture romanesque, par l’utilisation de techniques variées, qui permettent d’appréhender le sens profond du récit.