Du contrôle continu au contrôle permanent ?
HUMEUR. La nouvelle forme d’évaluation pose des problèmes d’équité mais sa formulation, surtout, suppose une vérification ininterrompue des compétences.
Julien de Kerviler
Préambule à la nouvelle année scolaire : les professeurs principaux de première n’auront pas manqué d’exposer à leurs classes la nouvelle répartition des coefficients du baccalauréat. Et les professeurs principaux des classes de terminale auront pris la peine d’expliquer à leurs élèves les péripéties arithmétiques des coefficients transitoires. Pour ne prendre que cet exemple, les notes d’histoire-géographie de première sont désormais rétroactivement affectées d’un coefficient de 3,33 et vaudront par conséquent 3,33 % du baccalauréat.
Ces 3,33 % relèvent du contrôle continu, lequel prend désormais une place considérable dans l’architecture du baccalauréat. Si l’on peut admettre que cette forme d’évaluation pose quelques difficultés du point de vue de l’équité entre les établissements et du point de vue de l’équité entre les candidats, c’est peut-être sa formulation qui arrête. Elle suppose en effet que les compétences des élèves doivent être contrôlées et que l’évaluation repose sur une vérification ininterrompue, comme si l’élève était un réceptacle d’idées et de notions qu’il serait capable de mobiliser sur commande.
Le contrôle continu suppose que le professeur soit un vérificateur et que l’élève devienne un duplicateur, dans un enchaînement binaire de procédures pédagogiques : le professeur assène des contenus que l’élève est condamné à reproduire.
Avant même de débattre des problèmes suscités par le contrôle continu, lors des journées qui leur seront prochainement consacrées au sein des établissements, demandons-nous si une autre formulation, plus formative, moins sommative, libérerait les élèves comme les professeurs du bégaiement pédagogique. L’estimation, par exemple, plutôt que le contrôle ; et l’ascendant plutôt que le continu. Car les élèves comme les professeurs ne sont pas indéfiniment les mêmes, heureusement : ils sont chaque jour davantage.
J. de K.