Dominique Bernard,
tué dans son lycée à Arras
Trois ans après l’assassinat de Samuel Paty le 16 octobre 2020, un enseignant est mort poignardé par un élève dans son établissement, ce 13 octobre. Deux autres personnes ont été blessées. L’une est entre la vie et la mort. L’agresseur, originaire, de Tchétchénie a été interpellé.
Presque trois ans jour pour jour après l’assassinat du professeur d’histoire, Samuel Paty, un professeur de lettres, Dominique Bernard, est mort ce matin, vendredi 13 octobre, poignardé par un ancien élève, dans l’enceinte du lycée Gambetta-Carnot à Arras (Pas-de-Calais). Deux autres personnes auraient été grièvement blessées : le proviseur adjoint de l’établissement et un professeur d’EPS. L’un d’eux est en urgence absolue, selon le quotidien régional La Voix du Nord.
Le parquet national antiterroriste a ouvert une enquête, notamment du chef d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste. L’auteur présumé des faits, originaire de Tchétchénie, dans le Caucase du Nord, a été interpellé avec trois autres personnes, dont son petit frère de 16 ans, selon FranceTvInfo. L’agresseur faisait l’objet d’une surveillance active de la part de la DGSI et avait été contrôlé jeudi matin, d’après Mediapart.
Selon Europe 1, il s’agirait de Mohammed Mogouchkov, né en 2003 en Russie et arrivé en France en 2008. Le 5 mars 2021, il aurait présenté une demande de réexamen de sa demande d’asile qui aurait été rejetée par l’Opfra, l’Office français de protection des réfugiés. Mais, bénéficiant de la protection absolue contre l’éloignement – il était arrivé sur le territoire français avant l’âge de 13 ans –, il ne pouvait toutefois pas être expulsé.
Selon le témoignage de Martin Dousseau, professeur de philosophie dans l’établissement, diffusé sur FranceTv info, l’agresseur cherchait un professeur d’histoire. Dominique Bernard aurait tenté de s’interposer avec une chaise, il aurait été tué devant l’entrée principale. Son agresseur aurait crié « Allah Akbar ». L’attaque a eu lieu aux alentours de 11 heures.
Martin Rousseau a décrit un mouvement de panique au moment de l’intercours, quand les élèves de la cité scolaire se sont retrouvés face à un homme armé, selon lui, de deux couteaux. « Il a agressé un personnel de la cantine, il le poursuivait et il le menaçait avec un couteau. Il l’avait déjà apparemment frappé parce que ce chef cuisinier avait du sang sur les mains et semblait effectivement blessé. J’ai voulu descendre pour intervenir, il s’est tourné vers moi, m’a poursuivi et m’a demandé si j’étais professeur d’histoire-géographie. On s’est barricadés, puis la police est arrivée et l’a immobilisé. », a-t-il confié à FranceTvInfo.
Les élèves ont raconté la vive inquiétude vécue pendant plus d’une heure alors qu’ils étaient confinés dans leurs classes. Une cellule de crise et une cellule psychologique ont été mises en place. Ils n’ont pas reçu d’informations sur ce qui se passait avant de sortir. L’alarme de l’établissement avait été déclenchée pour avertir d’un danger.
Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a annoncé « relever très fortement le niveau de vigilance sur l’ensemble des établissements scolaires. » Gabriel Attal, ministre de l’Éducation, a de son côté demandé aux recteurs « de prendre sans délai toutes les mesures nécessaires afin de renforcer la sécurité de l’ensemble des écoles et établissements et de prendre l’attache des préfets », selon l’AFP.
D’après Europe 1, le président Emmanuel Macron, qui s’est rendu sur place, aurait déclaré : « En s’interposant, l’enseignant a probablement sauvé beaucoup de vie ». Il aurait également souligné qu’une tentative d’attentat avait été déjouée dans une autre région.
Les députés réunis dans l’hémicycle à l’Assemblée nationale ont observé une minute de silence. Parmi eux, Agnès Carel, députée de Seine-Maritime et enseignante, n’a pu retenir ses larmes, relate le Huffington Post : « En tant qu’enseignante, je porte ce deuil comme le portent tous les Français. Nous, enseignants, sommes les sentinelles de la République et de la démocratie. C’est la raison pour laquelle nous sommes visés. » Elle a encouragé ses collèges à « ne pas céder aux sirènes de la confusion et de l’immédiateté » et à « rester digne. » Et elle aurait ajouté : « Les terroristes combattent la liberté par la peur. Nous combattrons la peur par la liberté. »
Ressources :
- Hommage à Agnès Lassalle
- Agnès Lassalle, tuée dans sa classe
- Quels textes pour l’hommage à Samuel Paty ?
- Hommage à Samuel Paty
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