Concours des dix mots : la langue est un lien inestimable, vecteur d’égalité et d’épanouissement
Jeudi 18 mai une rencontre hautement improbable a eu lieu dans la grande salle des séances à l’Académie française : on a pu voir se croiser des sixièmes de l’académie de Versailles, des collégiens du Sénégal, des élèves d’un collège australien, d’autres d’un lycée général, d’autres encore de lycées professionnels, des élèves également de classes d’accueil, des professeurs et leur élève d’un centre pénitentiaire.
L’Académie de Mazarin retrouvait pour un jour sa finalité première, un collège des nations, un collège des provinces, des éloignés de Paris, c’est que se célébrait en ce jeudi un événement fédérateur autour de la langue : la remise des prix du concours Dis moi dix mots.
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La langue est un lien inestimable, vecteur d’égalité et d’épanouissement
Les lauréats du concours 2017 sont ainsi venus tour à tour présenter leur projet. Avec leur spontanéité, leur candeur, leur conviction, et c’était beau de voir cette assemblée de personnes éminentes, Mme Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française , Loïc Depecker, délégué général à la langue française et aux langues de France, mais aussi des représentants du ministère de la Culture, de l’Éducation, de l’Institut français, du réseau Canopé, de l’inspection générale, tous ces acteurs de l’enseignement ou de la valorisation de notre langue, s’émouvoir devant des jeunes de toutes origines manifestant un authentique plaisir à manier le français, à jouer avec des mots, dix mots en relation cette année avec la Toile.
Chacun avait alors la certitude que la langue est un lien inestimable, que c’est un vecteur d’égalité, d’épanouissement, qu’il faut protéger et soutenir.
Une émotion partagée
Parmi les temps forts de cette manifestation il faut mentionner la prise de parole du jeune détenu de Valence, premier prix des centres pénitentiaires, venant expliquer qu’en prison les ateliers d’écriture, les cours en général c’était la liberté, l’espérance, la perspective d’une réinsertion réussie.
Une émotion particulière a été également perceptible lorsque la francophonie, par l’intervention de jeunes Australiennes, a trouvé un corps, des réalisations concrètes, un apprentissage au quotidien de notre langue et de notre culture ponctué par un sympathique » Vive la France, vive l’Australie « .
À dire vrai derrière les mots de chaque classe, de chaque lauréat, l’assistance pouvait mesurer le travail, la volonté, et la confiance manifestés envers notre système d’éducation. C’était un encouragement pour tous.
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Une orientation juste, simple, fondamentale :
la connaissance et la maîtrise de notre langue
Ce concours n’est pas le seul concours national proposé par le Ministère, mais ses particularités soulignent l’importance de sa thématique : il s’adresse à tous, établissements français comme établissement étrangers, niveau collège comme niveau lycée, formation professionnelle comme formation de réinsertion. Son succès, toujours croissant depuis sa création, signale une orientation juste, simple, fondamentale : la connaissance et la maîtrise de notre langue.
Les questions d’ennui, de motivation en classe parcourent les réflexions pédagogiques. Il est clair que travailler à des projets concrets, trouver une reconnaissance de son travail comme ici avec ce concours est une réponse à l’impasse de certains de nos enseignements.
À l’évidence, non seulement les élèves y trouvent du plaisir et de l’estime de soi mais aussi leurs professeurs qui étaient aussi à l’honneur en ce jour, entourant à juste titre leurs élèves lors des remises de prix.
Il y avait ainsi quelque chose de réjouissant et de réconfortant à voir ces élèves sous la coupole devant les banquettes vertes des académiciens faire des photos en écoutant l’histoire du lieu en clôture d’une matinée mémorable.
L’Éducation nationale a besoin de ces parenthèses heureuses.
Pascal Caglar
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• Concours des dix mots 2016-2017, « Dis-moi dix mots sur la Toile ». Les créations des lauréats