Validation des examens 2020 en contrôle continu : fin d’un faux suspense
Intervenant ce 2 avril, Jean-Michel Blanquer n’avait d’autre choix que prioriser le contrôle continu. La gravité de la situation et l’incertitude de son évolution l’y contraignaient.
La session 2020 du baccalauréat et des autres examens nationaux comme le diplôme national du brevet, restera ainsi marquée par les conséquences de l’épidémie de COVID 19.
Le refus d’une solution mixte
Parmi les scénarios sur la table du ministre de l’Éducation nationale, l’idée d’un minimum d’épreuves terminales a été écartée de façon pragmatique. L’organisation d’examens terminaux pour les plus de deux millions d’élèves de troisième, de première et de terminale, étant définitivement jugée trop lourde dans un contexte sanitaire aussi instable. Même en admettant de façon très optimiste un retour en classe le 4 mai pour la majorité des élèves, l’affaire relevait d’une gageure.
Le contrôle continu tenant compte prioritairement des deux premiers trimestres de terminale constituera ainsi le socle exclusif de l’obtention de l’examen y compris pour les niveaux CAP, BEP et BTS.
Le pari incertain de l’équité
Parmi les critères retenus, l’exigence qu’aucun élève ne soit « lésé » est considérée comme déterminante. Ce qui implique bien entendu que les évaluations réalisées en période de confinement ne soient pas prises en compte. Par ailleurs, seront maintenues, d’un côté les mentions et de l’autre la session de rattrapage début juillet, pour des moyennes générales se situant entre 8 et 10 sur 20. Dans le cas d’élèves ayant obtenu une moyenne inférieure à 8 et sur décision du jury souverain, une possibilité de rattrapage sera offerte au mois de septembre ; session ouverte aussi aux candidats libres.
Autre critère majeur retenu par le ministre, le fait que l’examen ne soit pas galvaudé ; autrement dit, que, malgré la période de confinement, les élèves puissent récupérer, en termes d’apprentissages, une partie du temps de cours perdu. À ce titre, Jean-Michel Blanquer a martelé au fil de son propos la date officielle de fin des cours, soit le 4 juillet. Il s’est aussi montré insistant sur le fait que l’assiduité sur la période post-confinement serait rigoureusement vérifiée et évaluée. Dans le cas spécifique du DNB, elle est même promue comme une phase scolaire importante, impliquée dans la validation de l’examen, puisque les élèves bénéficieront d’un contrôle d’assiduité.
On n’en reste pas moins en droit de s’interroger sur la valeur à accorder à cette période promise selon toute probabilité à toutes les incertitudes, au point d’apparaître en fonction des augures les moins favorables, sinon inexistante au moins réduite à une peau de chagrin. À ce niveau, la question de l’équité risque même de se poser avec acuité, en sachant qu’il n’est pas du tout évident que tous les élèves de l’Hexagone regagnent au même moment leur établissement scolaire de rattachement.
Une incongruité, le maintien de l’oral de l’EAF ?
Si l’écrit de français est bel et bien supprimé – son évaluation reposant sur la moyenne des notes obtenues en classe de première – l’oral, programmé en principe à la fin du moins de juin, échappe à l’esprit global des amendements, le ministre ayant pris soin de préciser, du point de vue des contenus, que le corpus à présenter à l’examinateur serait réduit à quinze textes en filière générale et à douze en filière technologique. Ce choix peut sembler surprenant eu égard à la dominante qui a prévalu dans les amendements présentés, y compris au niveau des épreuves communes pour lesquelles la moyenne retenue correspondra à de la note de l’E3C1 (classe de première 2019-2020) et de celle de l’E3C3 (classe de terminale 2020-2021) en oblitérant l’E3C2 (classe de première 2019-2020, période de juin).
Dans le cas, où le déconfinement serait décalé d’un endroit à l’autre, il n’est pas sûr, pour le coup, que l’équité de cet examen oral soit assurée. En tout état de cause, le ministre fait des jurys d’harmonisation, associant des universitaires et des inspecteurs, les garants d’un examen à la fois juste et non bradée malgré son caractère inédit.
Antony Soron, INSPÉ Sorbonne Université
• Sur Eduscol : Bac, brevet 2020 : les réponses à vos questions.
Bonjour,l’ecole privee aura t elle droit aux examents continu comme le public pour le BTS? Merci a l’avance.