De quoi la « théorie des genres » est-elle le nom ?
Enseignant les Gender Studies et les Cultural Studies dans les universités françaises et américaines depuis une quinzaine d’années, un collaborateur de l’École des lettres, Martial Poirson, analyse en février 2014 les sous-bassements idéologiques d’une polémique dont l’école est le terrain de manœuvre, la société civile le champ d’expansion, et le pouvoir politique le coupable désigné.
Des associations extrémistes n’hésitent pas à appeler au boycott de l’école obligatoire de la République, et une partie de l’opposition nourrit de façon opportuniste un sentiment puritain et homophobe, au prix d’amalgames douteux et de raccourcis contestables.
Le désarroi des enseignant est compréhensible face à la violence de telles accusations et à l’indécision apparente de ses tutelles. Le propos de cet article est ainsi de donner quelques points de repère pour mieux appréhender les enjeux du débat et ses possibles dérives.
État des lieux
Les stratégies de mise en accusation de l’École
Lancée depuis quelques semaines à l’initiative de mouvements allant, pour l’essentiel, de l’extrême-droite à la droite humaniste chrétienne, mais aussi d’associations familiales, la polémique autour de la supposée « théorie des genres » a pris, à la faveur des stratégies de positionnement politique, une ampleur inusitée, qui n’est pas sans rappeler les polémiques autour du « mariage pour tous ».
Elle en est en quelque sorte la continuation logique, mettant brutalement en cause par d’autres voies les institutions de la République. Au sein d’un espace public fragilisé par l’exploitation partisane des débats – légitimes – autour des questions de société et de mœurs, la mise en accusation de l’École et de son personnel enseignant peut à bon droit apparaître comme une des plus graves mise en cause de l’institution éducative depuis les années 1968.
L’assimilation de l’étude des genres à un dogme, voire à une idéologie dangereuse pour la cohésion sociale, a désinhibé, voire contribué à cautionner, les pires dérives idéologiques auprès de populations démunies face aux accusations et aux injonctions de leaders d’opinion en position d’autorité, tout en alimentant une posture anti-système délétère.
Supposée abolir les « frontières entre les sexes », « transformer les petits garçons en petites filles », « faire la promotion de l’homosexualité » ou « inciter à la masturbation », l’école est à ce point discréditée que certains n’hésitent pas à appeler au boycott organisé, après avoir orchestré de façon souterraine un travail de lobby et de pression sur l’institution, ses programmes, ses méthodes et la formation de ses enseignants…
Tour de passe-passe : comment l’«étude de genre »
devient « théorie des genres »
Le coup de force initial ayant donné prise à la polémique tient à la désignation doctrinale d’un mouvement de pensée visant à substituer à l’appellation d’« études de genre » – faisant autorité dans le domaine scientifique – celle, combien plus médiatique et inquiétante, de « théorie des genres ». Ce tour de passe-passe permet ainsi d’éclipser la dimension expérimentale et plurielle d’un champ disciplinaire d’apparition ancienne, revendiquant le concept de genre (gender), fortement lié aux milieux des sciences humaines et sociales anglo-saxons (humanities). Il permet aussi de nourrir le sentiment anti-intellectuel et anti-institutionnel dans l’ère du temps en brandissant le spectre de l’immoralité d’un dispositif d’inculcation scolaire, tout en exploitant un possible malentendu culturel.
En effet, dans le monde anglo-saxon, la structuration des savoirs repose moins sur un cadre disciplinaire, comme c’est le cas en France depuis Descartes, où prime l’esprit de la méthode, que sur l’identification d’objets d’étude susceptibles de servir de plateforme interdisciplinaire. Elle est également moins désireuse de séparer « le savant et le politique » que de mettre en évidence les relations d’interdépendance entre connaissances, idéologies et représentations, afin d’étayer une réflexion critique sur les articulations problématiques entre discours scientifique et conscience sociale.
C’est ainsi que la décolonisation a donné naissance aux Post-Colonial Studies, puis les pays émergents aux Subaltern Studies, ou que l’évolution de la société contemporaine à inspiré les Woman Studies, les Gender Studies, les Gay and Lesbian Studies, les Queer Studies, voire les Porn Studies, afin de rendre compte de la complexité des identités sexuées et des dispositifs de stigmatisation au sein du monde contemporain.
C’est donc bien en terme d’« études » (studies) que s’est constitué, dès les années 1970, ce domaine d’investigation scientifique sollicitant les approches croisées de la sociologie, de l’anthropologie, de l’économie, du droit, de la psychanalyse, de la médiologie ou de la littérature, dans un aller-retour constant entre l’histoire et le monde contemporain. Son ambition était précisément de ne pas se figer dans un corps de doctrine constitué, encore moins de basculer du descriptif au prescriptif, au prospectif, voire au normatif.
Sexe biologique et genre social
Le rapport aux codes et la relativisation des comportements normatifs est précisément au cœur des Gender Studies, dont la contribution essentielle à la réflexion, relativement incontestable, consiste à dénaturaliser les relations entre les hommes et les femmes issues du modèle dominant, héritier du patriarcat marchand. Elles se soucient de distinguer avec rigueur sexe biologique et genre social, afin de mettre en évidence la construction socio-historique des relations de genre, autrement dit, à analyser l’articulation problématique et politique entre une identité sexuelle imposée et une identité sexuée susceptible d’être choisie ou pour le moins, infléchie par des effets de contexte ou d’influence.
Leur champ d’observation porte donc aussi bien sur l’étude des comportements que des représentations chargées de les légitimer, de les mettre en cause ou encore de les condamner. La question des inégalités entre les hommes et les femmes, mais également des interactions entre masculin et féminin, est au cœur de la réflexion et la variable de genre considérée, dans un tel cadre de recherche, comme aussi structurante pour l’ordre social dominant que celles du milieu social, de la génération ou de l’appartenance ethnique.
S’il n’est d’aucune consistance théorique, le débat français actuel doit donc être davantage envisagé comme le symptôme d’une configuration sociale et politique relevant d’enjeux idéologiques majeurs, qui n’ont pas grand chose à voir avec le domaine scientifique qu’il prend pour cible.
Enjeux
Une simple consultation de la notice Wikipédia consacrée aux « études de genre », et non à la « théorie des genres », qui n’est d’aucune consistance scientifique, aurait suffi à dissiper une polémique révélatrice d’un état de la conscience collective et du débat politique supposé la structurer :
« Les études de genre sont un champ d’études et de recherche interdisciplinaire consacré aux différences entre les femmes et les hommes dans ce qu’elles ont de social, politique, anthropologique, historique, philosophique ou artistique. Le genre peut être considéré comme domaine d’étude dans de nombreuses disciplines, notamment l’art et l’histoire de l’art, l’histoire, l’anthropologie, la sociologie, la psychologie ou la psychanalyse, mais les études de genre peuvent également être considérées comme une discipline à part entière, au croisement de différentes autres approches disciplinaires. De manière générale, les études de genre proposent une démarche de réflexion sur les identités sexuées et sexuelles, répertorient ce qui définit le masculin et le féminin dans différents lieux et à différentes époques, et s’interrogent sur la manière dont les normes se reproduisent jusqu’au point de paraître naturelles. » (Notice Wikipédia.)
Aucune occurrence du terme « théorie » dans cette notice d’une rare prudence, qu’on retrouve dans la plupart des notices disponibles au sein des nouveaux moyens d’information et de communication. On peut difficilement être plus explicite à la fois sur l’objet, les méthodes et la démarche d’études de genre dont le tribut à l’évolution de la connaissance des sociétés aussi bien anciennes qu’actuelles, mais également de leurs représentations symboliques et artistiques, est indéniable.
L’historienne Joan W. Scott donne du « genre » une définition extrêmement claire qui a le mérite d’en révéler les enjeux à la fois scientifiques et idéologiques : le genre est, selon elle, un « élément constitutif des rapports sociaux fondé sur les différences perçues entre les sexes », autrement dit, une « façon première de signifier des rapports de pouvoir » (Joan W. Scott, « Le genre : une catégorie utile de l’analyse historique » (1985), Les Cahiers du Grif, n° 37-38, Le genre de l’histoire, printemps 1988, pp. 56 et 58).
Le genre est un rapport social
S’il est utile pour comprendre le processus historique de structuration de la société, le genre est également pertinent pour envisager la construction sociale et politique des rapports de domination. Selon la politologue Frédérique Matonti, qui étudie notamment les rapports fille/garçon en milieu scolaire, le genre est un rapport social dont l’enseignement doit permettre de lutter contre l’inégalité homme-femme : « À la différence de la notion de sexe, le concept de genre permet de souligner l’ensemble de ce qui est construit socialement sur une différence biologique » (Frédérique Matonti, « Souligner ce qui est construit sur la différence biologique », Libération, 31 janvier 2014, p. 4).
Judith Butler, figure fondatrice des études de genres et des théories de la performance, inspirée par Foucault, Deleuze et Derrida, ne s’est jamais cachée de la dimension émancipatrice, voire potentiellement subversive de travaux remettant en question l’ordre établi : démontrer la relativité des identités sexuées, comme dans les Gender Studies, voire remettre en cause jusqu’au bien-fondé de ces catégories et classements, comme dans le Queer Studies, c’est en effet placer la structure sociale et les rapports de domination dans l’ère du soupçon.
Il est par conséquent tout sauf fortuit que le seuil d’intolérance des nouveaux entrepreneurs de morale porte précisément sur les questions de remise en question des inégalités entre les hommes et les femmes, sur la lutte contre les formes de discrimination et sur la mission de l’école dans l’apprentissage des rôles sociaux et dans la conscience critique de leurs enjeux politiques. Plusieurs résultats des études de genre ont en effet de quoi bouleverser les assises du patriarcat marchand sur lesquelles repose encore, dans une large mesure, notre société à vocation pourtant égalitaire.
Les études de genre interrogent les discriminations réelles
et les conformismes sociaux
Comment comprendre, en effet, qu’en dépit de leur meilleure réussite scolaire, à tous les niveaux d’étude, dans tous les domaines, quels que soient les pays considérés, les filles accèdent globalement à des fonctions à moindre responsabilité et à plus bas salaires, où le risque d’exposition au chômage ou au temps partiel imposé est supérieur à celui des hommes de même qualification, subissant de plein fouet le « plafond de verre » qui limite leurs carrières et leurs perspectives de progression professionnelle ?
Comment comprendre qu’à diplôme égal et fonction égale, leurs salaires soient en moyenne de 20% inférieurs à leurs homologues masculins ? Comment expliquer l’inégale répartition des tâches domestiques au sein du couple, et la persistance de la « double journée » pour les femmes et tout particulièrement les mères ?
Comment justifier la persistance de stéréotypes sexistes, dans la publicité, qui s’en fait une spécialité, mais aussi les médias, le discours politique, l’opinion publique, et la résurgence d’effets de stigmatisation au sein de sociétés démocratiques revendiquant comme condition de possibilité du vivre ensemble l’égalité de traitement, de condition et de considération ?
Comment expliquer la persistance d’une répartition sexuée des jeux d’enfants, des sports, des habits, des couleurs, des appréciations sur les bulletins scolaires, et même des lieux, cette ségrégation spatiale se retrouvant à l’âge adulte, notamment à travers le maintien de toilettes publiques non mixtes ?
Comment lutter contre la dimension « genrée » de la langue française (règles grammaticales, dénominations) et de ses habitudes de politesse (polémique autour de l’appellation considérée comme discriminante « Mademoiselle ») ?
Autant de questions qui trouvent des explications, sinon des réponses et encore moins des préconisations, dans les études de genres, et qui permettent d’interroger le conformisme inconscient de nos habitudes, tout en aiguisant le sens critique et auto-critique de la jeunesse.
Limites
Objectifs et enjeux des « ABCD de l’égalité »
Au-delà des amalgames, l’interrogation (ouverte et non dogmatique) sur les genres revêt donc une dimension matricielle pour un ensemble de questionnements : elle permet notamment d’approfondir la réflexion sur l’égalité des chances, l’esprit de tolérance et la lutte contre les discriminations qui restent les objectifs (non réalisés) des politiques d’éducation mises en œuvre au sein de l’institution scolaire. « Le concept de genre permet justement de penser ensemble les discriminations sexistes et homophobes » (Gaël Pasquier, directeur d’école maternelle, Le Monde, 14 février 2014, p. 8).
Ce que propose en définitive l’« ABCD de l’égalité » mis en place par l’actuel gouvernement, c’est donc de mettre à disposition des outils scientifiques efficaces pour lutter à la fois contre les inégalités et les discrimination, afin d’affranchir les jeunes de la pesanteur des déterminismes et conditionnements en leur offrant d’autres grilles de lecture possibles de leurs comportements, de leurs habitudes, de leurs représentations, ou encore, de leurs inhibitions, distinctes de celles héritées des systèmes de domination. En cela, elle remplit pleinement son rôle d’instance de socialisation primaire, en complément du milieu familial d’origine et d’évolution, et en conformité avec l’idéal laïc et républicain.
Cependant, abstraction faite des considérations sur le bien-fondé des études de genre, l’« ABCD de l’égalité » interroge également le rapport du politique à l’institution scolaire et tout particulièrement sa légitimité à interférer dans le domaine de la vie privée, spoliant incidemment les familles de leurs prérogatives en matière éducative. Or, curieusement, rares sont les journaux à avoir posé le problème en ces termes : « Derrière ces craintes irrationnelles et cette homophobie assez pathétique se cache une peur plus sérieuse, à demi avouée : que l’État se substitue à la famille et dicte son éducation aux enfants arrachés à leur mère et à leur père, déstabilisés, déstructurés… » (« Un cas d’école. La polémique autour du genre », Télérama, n° 3344, 12 février 2014).
Est-il vraiment du ressort du pouvoir de se proclamer missionnaire des bonnes mœurs et d’imposer un programme officiel d’enseignement, a fortiori lorsqu’il s’agit d’interférer avec les familles ? Une telle initiative ne trahit-elle pas un manque de confiance de l’institution dans la capacité des familles à remplir de façon autonome leurs obligations ? Toute cette affaire n’est-elle pas amplifiée par une maladresse de communication qui est aussi une erreur majeure au plan symbolique ? La façon dont a été inauguré l’« ABCD de l’égalité », testé dans 275 écoles maternelles et élémentaires sur pas moins de 600 classes, est sans ambiguïté sur l’intention gouvernementale : le projet, présenté comme expérimental, a été inauguré par Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale, mais en présence de Najat Vallaud-Belkacem, à la fois ministre des Droits des femmes et porte parole du gouvernement, assumant l’affichage d’emblée politique de ce qui est conçu comme une mesure phare sur le plan sociétal de la part d’un parti socialiste en quête de repositionnement.
Rôle de l’État et sphère privée
Rappelons-nous qu’une loi du 23 février 2005 sur les supposés « effets positifs du colonialisme » avait, à la marge, au-delà de la polémique historiographique qui s’imposait, suscité les même inquiétudes sur la capacité d’un État à imposer des programmes officiels d’éducation, à intervenir sur les contenus d’enseignement et à abuser de son (inévitable) pouvoir d’inculcation, vécu comme une forme de propagande.
S’il est excessif d’évoquer, à l’instar du ministre de l’Intérieur Manuel Valls, dont il n’est d’ailleurs pas dans les prérogatives de se prononcer sur ce type de questions, une « Tea Party à la française » (il n’y a pas d’équivalent français au conservatisme américain et aux profonds clivages qui bouleversent la société américaine), force est de constater que c’est bien d’une position anti-étatique de repli narcissique sur la sphère privée qu’il est aussi question à travers cette polémique, nourrie par une inquiétude sur le champ d’expertise et le périmètre d’action du gouvernement. Une telle interrogation mérite sans doute d’être prise en considération autrement que sur le mode du scandale entretenu et de l’amplification médiatique actuellement en vigueur.
D’autant que la polémique, surtout quand elle est relayée et instrumentalisée par des membres de l’opposition opportunistes, crée de toute pièce la confusion et entretient le climat de tension favorable aux extrémismes : « Mon livre est épuisé. Il renaît comme un brûlot satanique faisant l’apologie de l’homosexualité », déplore, tout en s’en amusant, Piotr Barsony, auteur du fameux Papa porte une robe.
Plus largement, cette nouvelle affaire de mœurs, devenue affaire d’État, pose une nouvelle fois la question des prérogatives de l’institution et de l’articulation entre école et famille à laquelle s’était heurtée la Troisième République à la fin du XIXe siècle, au moment de la mise en application des lois Jules Ferry de 1882 sur l’école obligatoire. Pourtant, plusieurs questions demeurent.
L’ère du soupçon
On est en droit de s’étonner que les mêmes qui, au sein de l’opinion, ont à cœur de soutenir les graves dérives idéologiques de pseudo-humoristes, affichent soudain, sur les questions de genre, un incommensurable esprit de sérieux, flirtant avec l’illégalité, traquant l’humour et la dérision de la littérature jeunesse, plaçant l’enseignant dans l’ère du soupçon et n’hésitant pas un instant à appeler publiquement à la désobéissance civique en matière d’obligation scolaire, en faisant l’apologie de la déscolarisation et de l’école à domicile.
Il est tout sauf fortuit que la préconisation proposée par les détracteurs de la sensibilisation des jeunes élèves aux études de genre et par les apôtres du boycott de l’École de la République, dont la vocation est la transmission des valeurs d’égalité et d’émancipation individuelle, soit précisément indexée sur le modèle de la classe à la maison, assumée par des femmes au foyer devant une famille nombreuse rigoureusement cantonnée au cercle familial, afin d’éviter tout contact avec la mixité sociale et culturelle, toute confrontation avec le monde envisagé dans sa complexité.
De même qu’on peut s’indigner de ce que, du côté des pouvoirs publics, les mêmes qui ont fait preuve d’une inflexible intransigeance à l’égard de la laïcité et de ses règles comportementales, quitte à exclure certaines populations démunies enfermées dans leurs communautés d’appartenance, affichent un système de défense bien timide face à l’accusation de dépravation des garants de l’institution éducative. Que penser, en effet, de la rétractation de Vincent Peillon devant l’Assemblée nationale le 28 janvier 2014, affirmant sans équivoque : « La théorie du genre, je la refuse » ? C’est, en donnant consistance à une expression dépourvue de signification, ce qu’il ne peut ignorer, prêter le flan à la critique, et surtout semer le doute dans l’esprit de la population, tout en démobilisant le corps enseignant pourtant délibérément placé en première ligne devant la fronde de certaines familles, le plus souvent sans aucun soutien de sa hiérarchie. L’indécision, en la matière, n’est pas tenable.
Reste qu’au-delà des polémiques de bas étage et des récupérations partisanes, on peut s’accorder sur au moins un point avec les détracteurs des études de genre : la dimension subversive et émancipatrice d’un enseignement visant à faire prendre conscience aux jeunes de l’inégalité de traitement entre les hommes et les femmes, et des logiques de stigmatisation des minorités en position subalterne. On comprend, dès lors, ce qu’il en coûte aux garants de l’ordre établi et de l’inégalité des chances pour reconnaître et rendre public un tel constat, source d’une remise en cause de leurs positions dominantes.
On aimerait que le gouvernement en place, qui a eu l’immense mérite de porter à nouvel examen le rôle de l’école dans un tel processus de prise de conscience politique de ces logiques de reproduction, tienne sa position jusqu’au bout, sans tabou ni langue de bois, car il s’agit moins, dès lors, d’un affrontement scientifique ou éthique que d’un authentique combat politique au sein duquel les valeurs de justice et d’équité ont toute leur place.
Ce n’est pas si fréquent dans un débat citoyen où les impératifs de croissance économique ont pris le pas sur toute considération sociale et culturelle.
Martial Poirson
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Voir sur ce site :
• Contre l’obscurantisme et les appels à la censure : Lire est le propre de l’homme. De l’enfant lecteur au libre électeur.
• « Tomboy », de Céline Sciamma : un film de-plain pied dans l’enfance.
Sur le site du ministère de l’Éducation nationale :
• L’enseignement de l’égalité filles-garçons à l’École.
Actualité :
• L’UMP demande une mission d’information sur « genre et éducation », AFP, 23 février 2014.
• 2 octobre 2016, le pape François reproche aux manuels scolaires français d’être les instruments d’un « sournois endoctrinement de la théorie du genre ».
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