Le « Discours de la servitude volontaire », d’Étienne de La Boétie. Analyses et interprétations

S’il est court (douze mille mots), pour coïncider avec une performance orale d’environ une heure, le Discours de la servitude volontaire peut toutefois être considéré comme un chef d’œuvre de la pensée politique et de la littérature, dont le succès ne se dément pas depuis sa redécouverte au XIXe siècle, par Lamennais notamment. Philippe Desan récapitule cette tradition récente en évoquant «un des textes fondateurs de la philosophie politique moderne». On ne compte plus par ailleurs les travaux sur la composition, le style et l’écriture de cet opuscule et le Discours a été choisi récemment au sein de plusieurs programmes, celui des agrégations de lettres (concours 2015) et celui des CPGE scientifiques (concours 2017). Cette consécration est paradoxale, parce que l’œuvre est un signifiant instable, d’origine manuscrite diverse, et qu’elle a été l’objet d’appropriations restrictives avant de susciter des interprétations suggestives mais de plus en plus incontrôlables. Les érudits ont évidemment réagi pour mettre en place des garde-fous mais le Discours reste un texte fondamentalement incirconscrit, voire ésotérique, où triomphe la dissimulatio artis. Il fait appel à la culture et à l’intelligence de lecteurs avertis. L’indétermination du signifié est évidemment accentuée par le passage du temps, qui semble mieux faire ressortir en revanche l’actualité des questions soulevées et traitées par La Boétie relativement à la servitude volontaire. Autant donc jouer le jeu des virtualités d’interprétation programmées par le Discours, en relever les défis herméneutiques, en s’appuyant autant que faire se peut sur les plus rigoureux travaux qu’a produits la critique récente.
Niveau(x) d'études :
Seconde, Première, Terminale, BAC Pro, Agrégation
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S’il est court (douze mille mots), pour coïncider avec une performance orale d’environ une heure, le Discours de la servitude volontaire peut toutefois être considéré comme un chef d’œuvre de la pensée politique et de la littérature, dont le succès ne se dément pas depuis sa redécouverte au XIXe siècle, par Lamennais notamment. Philippe Desan récapitule cette tradition récente en évoquant «un des textes fondateurs de la philosophie politique moderne». On ne compte plus par ailleurs les travaux sur la composition, le style et l’écriture de cet opuscule et le Discours a été choisi récemment au sein de plusieurs programmes, celui des agrégations de lettres (concours 2015) et celui des CPGE scientifiques (concours 2017). Cette consécration est paradoxale, parce que l’œuvre est un signifiant instable, d’origine manuscrite diverse, et qu’elle a été l’objet d’appropriations restrictives avant de susciter des interprétations suggestives mais de plus en plus incontrôlables. Les érudits ont évidemment réagi pour mettre en place des garde-fous mais le Discours reste un texte fondamentalement incirconscrit, voire ésotérique, où triomphe la dissimulatio artis. Il fait appel à la culture et à l’intelligence de lecteurs avertis. L’indétermination du signifié est évidemment accentuée par le passage du temps, qui semble mieux faire ressortir en revanche l’actualité des questions soulevées et traitées par La Boétie relativement à la servitude volontaire. Autant donc jouer le jeu des virtualités d’interprétation programmées par le Discours, en relever les défis herméneutiques, en s’appuyant autant que faire se peut sur les plus rigoureux travaux qu’a produits la critique récente.