Journées européennes du patrimoine, jeunesse et formation professionnelle
Les journées européennes du patrimoine, pour leur 34° édition, étaient placées sous le thème de la jeunesse.
Difficile de parler jeunesse sans parler formation, éducation, et, dans nombre de lieux, édifices ou institutions qui ont joué le jeu de la jeunesse, ces journées sont devenues un hommage à la formation professionnelle.
C’est ainsi que la Sorbonne avait décidé de consacrer dans le hall de son Grand Amphithéâtre l’exposition de quelques réalisations artistiques et techniques d’élèves de bac pro, donnant ainsi un éclairage et une place plus que symbolique à ceux qui participent à leur manière au rayonnement culturel français. Entrant en résonance avec ces productions, certains mots des conférenciers de la Sorbonne rappelaient opportunément que c’est en ces mêmes lieux que se déroule chaque année la remise des prix des meilleurs ouvriers de France.
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Une mise en valeur des formations techniques et professionnelles
Et le promeneur de ces journées du patrimoine qui allait d’un bâtiment public à un autre retrouvait ces coups de projecteurs sur des lycéens ou apprentis conduits à l’excellence patrimoniale. C’est ainsi qu’au ministère de l’Éducation nationale les portes du premier salon s’ouvraient sur les bacs pro et les apprentissages en maçonnerie, mettant entre autres à l’honneur la restauration de bâtiments historiques.
Le ministère de l’Agriculture ouvrait sa cour aux lycées agricoles et se transformait en marché des terroirs, le Quai d’Orsay mettait en lumière les métiers de la restauration et la conservation artistique du prestigieux Institut national du patrimoine.
Dans bien d’autres visites on était surpris de voir la qualité et la reconnaissance de nos formations techniques : ainsi, la maison Lancel qui, ouvrant ses locaux pour la première fois, faisait découvrir ses ateliers de conception où une équipe de jeunes issus des Compagnons du devoir tenaient entre leurs mains les destinées des nouveaux modèles.
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Reconnaître d’autres filières d’excellence
À n’en pas douter, du côté de l’Éducation nationale on sait la valeur de nos formations professionnelles et la voie d’excellence qu’elles peuvent entrouvrir pour les plus doués. Mais on sait aussi le fossé qu’il existe entre ce que ces formations peuvent offrir comme réelles chances de débouchés et la manière dont elles sont perçues par les familles et les élèves.
Ce n’est pas la formation qui est à changer, elle est solide et généreuse : pour les lettres rappelons qu’il y a autant d’heures de français en seconde pro qu’en lycée général, et que les programmes ou épreuves sont d’un intérêt et d’une intelligence exemplaires. C’est l’image de ces filières, de leurs établissements d’accueil qu’il importe de réévaluer, et cela suppose des journées d’hommage, comme celles-ci, mais plus encore une information à l’orientation mieux ciblée et plus nombreuse.
L’orientation en filière professionnelle ne peut se décider à la seule vue d’un bulletin et par défaut. Il faut donner à voir des réalisations, pouvoir rencontrer des élèves en situation de réussite, valoriser les débouchés. On a coutume de s’alarmer lorsqu’on apprend qu’il n’y a pas un livre dans certaines familles. Mais ne devrions nous pas autant nous inquiéter lorsque l’on découvre qu’il n’y a pas un seul outil chez certains d’entre nous ? N’est ce pas reconnaître que la familiarité avec le travail de ses mains se cultive et doit se cultiver autant à l’école qu’à la maison ?
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Valoriser la transmission des savoir-faire
La promotion de l’enseignement professionnel fait partie des engagements avancés dans le programme désigné comme « l’école de la confiance ». Les notions d’excellence, le label de grandes écoles sont encore trop associés à un nombre restreint d’établissements prestigieux.
Il importe que d’autres grandes écoles à caractère artisanal, technique, ou artistique soient mieux connues afin de tirer vers le haut tout l’enseignement qui se reconnaît timidement, presque honteusement, comme enseignement professionnel.
Par cette thématique de la jeunesse, les Journées du patrimoine 2017 ne donnaient pas seulement à voir des bâtiments, des lambris et des meubles en bois précieux, mais des métiers, des formations et des jeunes qui contribuent à entretenir cet héritage national.
Pascal Caglar
Pascal Caglar met en perspective combien le patrimoine est le résultat de l’œuvre (des opérations) des bâtisseurs soit des « petites » mains. Cette dimension concrète de la richesse patrimoniale n’est pas si souvent louée. Bravo à l’auteur.