"Une bouteille à la mer", un film de Thierry Binisti d'après le roman de Valérie Zenatti, "Une bouteille dans la mer de Gaza", remporte le Prix national lycéen du cinéma
Le jury du Prix national lycéen du cinéma a récompensé Une bouteille à la mer, de Thierry Binisti, d’après le roman de Valérie Zenatti, Une bouteille dans la mer de Gaza, le 4 avril 2012, à Paris. Le jury comprenait deux lycéens par académie.
Lancé en 2011-2012, ce prix propose aux lycéens participants de visionner huit films français et européens sortis entre septembre et avril de l’année scolaire. Il est organisé en partenariat avec le Centre national du cinéma et la Fédération nationale des cinémas français.
Le film raconte l’histoire de deux jeunes gens vivant à Jérusalem et à Gaza – des «ennemis» a priori – qui parviennent à communiquer par Internet et dont on découvre la vie quotidienne. L’École des lettres met à votre disposition un dossier consacré au roman et à son adaptation pour vous permettre d’engager un travail à la fois historique et littéraire avec vos élèves de collège et de lycée.
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L’espoir d’un futur pacifié
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Le parcours de Thierry Binisti
Assistant de Régis Wargnier pour Indochine, de Diane Kurys pour Après l’amour et de Jean-Jacques Zilbermann pour Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes, Thierry Binisti réalise Le Livre de minuit en 1996, court métrage avec Dominique Blanc sur l’Occupation, qui obtient de nombreux prix ; des séries télévisées comme La Justice de Marion ou Les Arnaqueuses en 1998, La Bicyclette bleue, adaptation du roman éponyme de Régine Deforges pour France 2 en 2000. Dans L’Outremangeur, en 2002, son premier long métrage, il met en scène Éric Cantona dans le rôle d’un policier pervers.
Fort de cette œuvre exigeante et engagée, il a décidé d’adapter le roman en partie autobiographique de Valérie Zenatti, Une bouteille dans la mer de Gaza, paru dans la collection « Medium » de l’École des loisirs, parce que ce texte lui permettait de montrer une autre image d’Israël que celle – trop répandue – d’un pays en guerre.
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Un document de première main
C’est d’abord un document de première main (comme l’était le Journal d’Anne Franck) sur le vécu d’une adolescente à une période critique de l’Histoire, ici à Jérusalem dans les années 2000, dix ans après la signature des accords d’Oslo, au moment précis où un attentat meurtrier ruine les espoirs de paix.
Mais c’est aussi un conte reposant sur une donnée hautement improbable, la bouteille lancée à la mer par la jeune fille pour tenter de communiquer avec une adolescente de son âge, faisant partie de ces « ennemis » sans visage avec lesquels toute vraie rencontre est réputée impossible.
L’arrivée de cette bouteille symbolique entre les mains d’un jeune Palestinien de Gaza est le premier miracle, qui fait démarrer la fiction ; le second va être la possibilité pour les deux jeunes gens d’entretenir une correspondance par Internet, miracle technologique qui joue le double rôle narratif de lui donner de la vraisemblance et de faciliter la communication.
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Deux points de vue sur le conflit israélo-palestinien
L’improbabilité de la donnée fictionnelle tire donc sa vraisemblance du contexte réel et particulièrement explosif dans lequel elle se déroule. Actualités et images d’archives servent à l’étayer – images d’attentats réels ou de la commémoration annuelle de l’assassinat d’Itzhak Rabbin. L’intrigue met en présence deux points de vue sur le conflit israélo-arabe, incarnés par deux jeunes héros beaux et intelligents, implantés chacun d’un côté de la frontière entre Israël et Gaza.
L’ombre de Roméo et Juliette plane sur l’histoire de Tal et Naïm, qui ne se veut pourtant pas amoureuse, mais porteuse d’une volonté de connaissance et de fraternisation, même si l’amour se lit en filigrane dans cette correspondance par mails, dont la voix off permet de traduire le contenu. Fausse piste, peut-être, mais indispensable pour étoffer le romanesque inhérent à toute rencontre entre adolescents.
Il s’agit en réalité d’une rencontre bien particulière, née du besoin de sortir des idées reçues, du sentiment d’étrangeté, d’hostilité inculqué à chacun d’eux. La peur de Tal est aussi grande que son espoir. Le soupçon accompagne la curiosité chez Naïm. Sa méfiance est perceptible, mais la bonne volonté de Tal a raison de ses résistances. Elle sait que voir l’autre permettrait de lui donner un corps, un visage, de manière à se le représenter autrement qu’en irréductible ennemi.
Ce schéma narratif est soutenu par la personne des deux comédiens, tous deux excellents, Agathe Bonitzer et Mahmoud Shalaby. Ils apparaissent comme les otages innocents d’un conflit qui les dépasse, comme deux jeunes gens d’aujourd’hui privés de ce qui est donné à tous les autres dans le monde civilisé, la paix et l’espoir en l’avenir.
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Entre espoir et désespoir
La mise en scène est bâtie sur la représentation contrastée de deux univers socialement très différents, et pourtant proches par le cadre familial de chaque personnage, la mère de Naïm apparaissant même comme plus compréhensive que les parents de Tal. Elle repose surtout sur l’antithèse entre espoir et désespoir, distance et désir de rapprochement, bonne et mauvaise volonté.
Tal incarne l’optimisme de la jeunesse dans les pires situations, et parvient à transmettre sa contagieuse confiance à Naïm. Inscrit dans un contexte international exceptionnellement défavorable, cette œuvre est cependant porteuse de la chose la plus précieuse en ces temps dramatiques où les politiques semblent impuissants, l’utopie.
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Un acte fort
Le film, comme le livre, est un acte fort, une porte ouverte sur un futur pacifié. Valérie Zenatti a raison de dire que la littérature de jeunesse est la vraie littérature révolutionnaire. Car la jeunesse n’est jamais résignée, jamais défaitiste, elle croit envers et contre tout que la vie est belle et l’avenir possible.
La fragilité même de cette espérance est l’atout maître du livre, qui la défend par son remarquable travail sur l’écriture, et du film, qui lui donne une vraie consistance en faisant vivre à l’écran ses personnages, nous obligeant ainsi à nous identifier à eux, à partager leur angoisse et leur confiance en des lendemains meilleurs.
Anne-Marie Baron
Pistes pédagogiques
« Une bouteille dans la mer de Gaza », de Valérie Zenatti: le roman
Une bouteille dans la mer de Gaza se compose essentiellement d’une correspondance fictive entre une jeune fille israélienne et un jeune homme palestinien, correspondance dans laquelle s’insèrent des passages, rédigés par l’un et l’autre, qui relèvent de l’écrit intime ou du journal. Cet échange se place d’emblée sous les ailes des colombes de deux poèmes, israélien et palestinien, évoquant la paix.
Tal, l’héroïne grâce à qui l’histoire se déclenche, est une lycéenne israélienne plutôt favorisée, malgré les circonstances. Elle vit dans une famille unie et chaleureuse, aisée, poursuit tranquillement ses études, a une meilleure amie et un petit ami très proches d’elle… Mais nous sommes à Jérusalem, et cette vie facile en apparence est régulièrement marquée par des attentats et secouée par la violence qui n’en finit pas de repousser dans un avenir de plus en plus incertain les espoirs de paix.
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« Une bouteille à la mer », de Thierry Binisti : le film
« Meilleur film » au festival de Saint-Jean-de-Luz, Grand Prix du festival De la page à l’image du Croisic, Prix d’interprétation masculine, Prix du public et Prix du jury jeune au festival de La Réunion, Mention spéciale du jury au festival de Rouyn Noranda (Canada), Prix du public et Prix du jury au festival de Bastia, l’adaptation de Thierry Binisti bénéficie de la reconnaissance des professionnels du cinéma et du jeune public avant même sa diffusion en salles.
Certains choix de l’adaptation – à laquelle a participé Valérie Zenatti – apportent beaucoup à ce que le roman donnait déjà : un regard distancié et complice à la fois, mettant en relief l’humanité de deux protagonistes qui ne vivent pas seulement dans la terreur ou dans la haine. La présence de la langue française comme instrument de sa liberté pour Naïm – « J’ai appris la langue française comme on creuse un tunnel », déclare-t-il – et le fait que la famille de Tal soit fraîchement arrivée à Jérusalem sont des apports particulièrement intéressants.
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L’adaptation : apparitions, disparitions et modifications. Entretien avec Valérie Zenatti
« Le livre commence en 2003, à la fin de la seconde Intifada. Mais Thierry Binisti ne voulait pas se cantonner à cette période, il préférait que le film se passe aujourd’hui. Seulement, au cinéma, aujourd’hui ne veut rien dire car, entre l’écriture du scénario, le tournage et le montage, il peut s’écouler trois ans. Nous nous sommes donc mis à courir après le temps. Il fallait ancrer le film dans une réalité ; or, là-bas, tout change sans cesse.
J’ai écrit le livre entre 2003 et 2004. Il est sorti en 2005. Israël a quitté Gaza au second semestre 2005. À partir de là, les Palestiniens n’ont plus pu sortir de Gaza. Après, il y a eu la guerre avec le Liban en 2006, l’accession au pouvoir du Hamas en 2007 et l’opération « Plomb durci » fin 2008. Nous ne pouvions pas faire comme si tous ces bouleversements n’avaient pas existé. Nous avons donc décidé d’ancrer nos personnages dans les années 2007-2008 et début 2009. »
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• Entretien vidéo avec Valérie Zenatti.
• Tous les romans de Valérie Zenatti.
• Valérie Zenatti biographe et traductrice d’Aharon Appelfeld.
Le contexte historique
• Télécharger une chronologie des relations israélo-palestiniennes.
• L’Institut français de Gaza.
• Le dossier Israël / Territoires palestiniens du ministère des Affaires étrangères.
Pour voir le film et recevoir le numéro
• Pour recevoir gratuitement le numéro de « l’École des lettres » consacré au roman et à son adaptation, précisez vos coordonnées ici.
• Pour connaître les dates et les salles de projection d’ « Une bouteille à la mer », consultez le site de Diaphana qui propose également un dossier pédagogique sur le film.
Revue de presse
• « Une Bouteille à la mer » vu par Médiapart , Télérama, le Figaro, Nord-Éclair, La Croix, Le Monde, Le Parisien, Paris Match, La Charente libre, L’Étudiant, Témoignage chrétien, Studio Ciné Live, Ouest France, L’Humanité, France Soir, La Semaine,
• et sur les sites France-Palestine solidarité, À voir-À lire.com, Artistikzero.com, Atlantico, Excessif.com, Mondomix.com, Il était une fois le cinéma, Lecture jeunesse 83, Bondy blog, Zéro de conduite.net, Abus de ciné.com, Le Quotidien du cinéma, In the mod for cinema, C pour les ados, Saint-Denis 93, CRDP de Poitou-Charentes, Éduquer aux médias, Selenie, My Boox, Toute la culture, Suite 101, le SNES, Cinémathèque, Dimension Ados, In the mood for cinema, Grand écart, Le Prix national lycéen du cinéma, Toute la culture, Cyberpresse, Lycée Henri-IV (Prix des lycéens).
• Valérie Zenatti et Thierry Binisti sur France Inter, France Info, RFI, France Culture, Canal +.
• Entretien avec Agathe Bonitzer dans l’Express.
• Un dossier sur Valérie Zenatti dans La Croix.
• En savoir plus sur Le prix national lycéen du cinéma.
Le roman de Valérie Zenatti est vraiment très abouti et permet de sensibiliser les élèves de collège à cette guerre, à ce conflit fort complexe ! Une réussite totale et des élèves ravis. La correspondance par courriels « fonctionne » très bien, permet un style concis, une lecture fluide.
j’ai vu le film « une bouteille a la mer » c’est un des plus beaux film que j’ai vue même le meilleur.ce qui m a plu la mentalité de la jeune femme qui s’appelle Yal lévine dans le film, qui ne comprend la mentalité des personne qui veulent cette guerre.La réponse du jeune homme Naïm sa mentalité.c’est vrai je connais pas la guerre mais dans ce film il y a quelque chose qui m a beaucoup touché et plus .
J’ai beaucoup aimé le film « Une bouteille à la mer ». Je suis en contact permanent et étroit avec des amis israeliens. Souvent je perçois du découragement et, il faut le dire, une animosité, voire plus, à l’égard des Palestiniens.
Ce film donne une autre image des deux pays, mais surtout il donne de l’espoir. Peut-être le changement dans les mentalités viendra-t-il de la jeunesse des deux camps?
Aborder un problème aussi brûlant que le conflit israélo-palestinien avec des élèves de collèges est particulièrement délicat. Le faire à partir du beau livre de Valérie Zenatti me paraît tout à fait réalisable. Chercher à comprendre l’autre, c’est bien l’essentiel et c’est ce qu’elle propose.
J’avais, il y a quelques années, tenté l’expérience et publié une étude « L’évocation du conflit israélo-palestinien dans la littérature pour la jeunesse » (no 103, été 2006) dans la belle revue littéraire québécoise Nuit Blanche.
Jean-Pierre Tusseau